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News L'humanité menace un million d'espèces vivantes (IPBES)

 Un quart des espèces étudiées sont menacées d’extinctions, alors que le nombre de mammifères sauvages terrestres a chuté de 82%, avec une nette accélération depuis 1970. Dans un rapport de 1.800 pages, les experts de l'IPBES, le "giec de la biodiversité" dressent l’état de la dégradation du vivant et ses conséquences catastrophiques pour les activités humaines.  Ils appellent à changer en profondeur de système de développement.

Concerned URL https://www.lecho.be/dossier/climat/un-million-d-especes-menacees-d-extinction/10123908.html
Source L'Echo, 06/05/2019, Frédéric Rohart, Journaliste
Release date 07/05/2019

 

Le développement humain détruit le vivant mais il pourrait aussi le sauver. Dans un rapport historique, la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) dresse un constat accablant de la dégradation des écosystèmes mondiaux. S’il ne fallait retenir qu’un chiffre de son rapport de 1.800 pages publié ce lundi, ce serait ce million d’espèces vivantes menacées de disparition dans les décennies qui viennent par le développement humain. Et s’il ne fallait en retenir qu’un message, c’est qu’il faut que tout change pour que rien ne change. 

Le constat

Trois ans de travail et une revue systématique de quelque 15.000 références scientifiques et sources gouvernementales ont permis au groupe d’experts – qui est à la biodiversité ce que le Giec est au climat – de tirer la photographie la plus complète jamais réalisée de l’état du vivant.

Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier.
 
Robert Watson
Président de l'IPBES

Quelques chiffres, pour préciser le premier. Pour au moins 680 espèces de vertébrés disparues depuis le XVIe siècle, il est trop tard. Quant aux autres: environ un quart des espèces étudiées sont menacées d’extinction – dont 40% des espèces d’amphibiens et le tiers des mammifères. Et depuis la préhistoire, sur la terre ferme, le nombre de mammifères sauvages a chuté de 82%, avec une accélération nette depuis 1970. Bref, résume le document, la nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine.

"Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier", a alerté le président de l’IPBES, Sir Robert Watson. Parce que les causes de ce phénomène sont humaines, on y vient, et parce que la détérioration de la nature s’accompagne du déclin des "services" qu’elle rend. De la pollinisation par les insectes au captage de carbone des plantes, en passant par la productivité des sols ou la stabilité des zones côtières: 80% des contributions matérielles de la nature aux populations sont en déclin.

L’appel à l’action

Les causes fondamentales – indirectes – de ce déclin de la diversité du vivant sont la croissance rapide de la population humaine, la production et consommation et le développement technologique qui y est associé, indique le rapport. Chaque année, 300 à 400 millions de tonnes de métaux lourds, solvants, boues toxiques et autres déchets industriels sont déversés dans les eaux. Les engrais qui ruissellent vers les côtes ont produit des "zones mortes" dans les océans d’une superficie plus grande que le Royaume-Uni. Depuis 1980, la pollution par les plastiques a été multipliée par dix... Les exemples de dégradations causées par les activités humaines sont infinis, mais toutes n’ont pas la même responsabilité dans l’érosion du vivant. 

L’IPBES classe les causes directes par ordre décroissant comme suit: changement d’usage des terres et de la mer, exploitation de certains organismes, changement climatique, pollution et mobilité d’espèces envahissantes. Mais l’ordre n’est pas figé: l’impact des changements climatiques devrait augmenter au cours des décennies à venir – et dans certains cas surpasser les autres.

Il faut donc que tout change, nous dit l’IPBES, qui évalue qu’il n’est pas trop tard pour agir contre ce que d'aucuns appellent déjà la 6e grande extinction des espèces. Les tendances négatives continueront en 2050 et au-delà dans tous les scénarios étudiés par le rapport, sauf ceux qui envisagent l’émergence d’un "changement transformateur", structurel.

Le groupe d’experts détaille une série de politiques vertueuses, de la promotion de l’agroécologie à la reconnexion d’habitats naturels fragmentés, en passant par la généralisation de quotas de pêche efficaces. Un élément clé des politiques futures durables réside aussi dans l’évolution des systèmes financiers et économiques mondiaux – il faut à tout prix éviter de cloisonner le débat à la table des ministres de l’Environnement, car la clé est dans une approche multisectorielle, de l’échelon local au cadre global. Et l’IPBES de souligner l’évidence: le changement nécessaire devra passer outre l’opposition de ceux qui ont des intérêts attachés au statu quo.

Ce rapport est exceptionnel par son ampleur, mais également par le fait qu’il est la première référence commune de 130 États en la matière – il pourrait servir de socle à de futurs accords globaux. L’an prochain, la conférence de la Convention de l’ONU sur la diversité biologique se tiendra en Chine. Ce rendez-vous politique donnera une indication du degré d’ambition des États pour lutter contre cette dégradation... Trois décennies après l’adoption de la Convention sur la diversité biologique de Rio dont le rapport de l’IPBES est à la fois le produit et le constat d’échec.

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