Sauvons le Parc National de la Marahoué, Phase II : Suivi et consolidation des acquis de la phase pilote (Côte d'Ivoire)
Dans le cadre de sa coopération avec l’IRScNB, le Centre National de Floristique (CNF) a exécuté au cours de l’année 2007, un projet communautaire pour la sauvegarde du Parc National de la Marahoué, une aire protégée située au centre ouest de la Côte d’Ivoire, dans le Département de Bouaflé. Ce projet qui est à sa deuxième année consécutive dans ce département, a été exécuté à travers une approche participative intégrant le plaidoyer, la mobilisation sociale, le renforcement de capacités des intervenants, la communication pour le changement de comportement, le suivi et l’évaluation.
A l’issue des activités menées sur le terrain, le CNF a mobilisé et impliqué dans le projet, 123 leaders de communautés appartenant à 18 villages riverains du parc, 32 autorités administratives et/ou politiques dont 6 autorités préfectorales, 14 autorités forestières, 9 élus et collaborateurs et 3 responsables de l’appareil judiciaire local. Dans le cadre de l’approche participative et pour la pérennisation des actions, le CNF a formé, en une session de 3 jours, 30 participants, responsabilisés comme agents de veille et de sensibilisation. Ils jouent le rôle de relais du CNF dans 10 villages dont ils sont issus. Ces relais sont dominés par ceux de la tranche d’âge de 19 à 50 ans. Ce choix est optionnel car, dans les communautés locales, c’est dans cette tranche d’âge que sont issus les bras valides exploitant la forêt ou pratiquant la chasse et la pêche. A l’issue de la formation, 10 comités Biodiversité ont été créés dont un par village, animé par 3 relais communautaires. Relativement à la communication pour le changement de comportements, les relais formés ont animé plus de 500 séances de sensibilisation sur la biodiversité, les dangers de l’exploitation forestière abusive et le braconnage. Ces séances ont touché 14980 auditeurs dont, 1 % de braconniers professionnels, 91 % d’agriculteurs et 8% d’exploitants forestiers, d’artisans et/ou travailleurs du secteur informel. Cela est une excellente option car, l’utilisation abusive des ressources de la Biodiversité est essentiellement pratiquée par les agriculteurs, les braconniers et les exploitants forestiers. 65% des personnes sensibilisées vivent en milieu rural ou péri urbain. Cela signifie que les actions d’éducation du CNF ont été concentrées dans les villages. La sensibilisation assurée par les comités Biodiversité a permis l’organisation de deux cérémonies de dépôt de fusils de chasse et de renonciation au braconnage. Cette cérémonie à laquelle ont pris part 17 braconniers redoutés de la zone, a permis de récupérer 67 fusils de chasse dans 14 villages et campements. Aussi, un accord de retrait de populations précédemment installées à l’intérieur du parc a été obtenu par le CNF, non loin du village de Zoola à l’EST du Parc, mais l’obtention et l’aménagement d’un site d’accueil hors du parc n’a pas permis d’organiser de façon effective, la cérémonie de retrait de ces populations. Il faut noter comme acquis du projet, l’amélioration des relations entre l’administration forestière et les populations de plusieurs villages riverains du parc.
En dépit de ces efforts, les résultats obtenus, mesurés en terme d’impact tant sur les préoccupations des populations riveraines du parc que sur la conservation des ressources demeurent faibles et insuffisants. Beaucoup reste à faire en particulier, dans la communication pour le changement de comportement, car plusieurs braconniers ont été hostiles au projet et réfractaires aux messages de sensibilisation des comités Biodiversité. Aussi, le non respect des lois forestières et la non maîtrise des mouvements des exploitants forestiers et des populations agricoles par les autorités forestières et administratives demeurent des contraintes majeures à la conservation et à l’exploitation durable des ressources du Parc National de la Marahoué.
A l'avenir, le CNF souhaite non seulement consolider les acquis mais également étendre les actions à de nouveaux villages. Le CNF souhaite également instaurer un programme communautaire de lutte contre la pauvreté comme solution alternative à l’abandon du braconnage et de l’exploitation forestière.