News Améliorer les systèmes de séchage et de fumage des produits du lac Tanganyika pour une meilleure rentabilité

Le poisson du lac Tanganyika est un produit qui coûte excessivement cher dans les marchés et dans les différentes poissonneries. Bien que prisé par la grande majorité de la population, le poisson demeure un produit alimentaire difficilement accessible compte tenu du pouvoir d’achat de la population. Les spécialistes en matière de pêche estiment que la pénurie du poisson sur le marché est liée au manque de moyens efficaces permettant à ce produit de se conserver longtemps. Pour que le poisson du lac Tanganyika contribue de façon remarquable au développement de l’économie nationale, il faut tout au moins améliorer ses systèmes de séchage et de fumage.

Concerned URL https://www.ppbdi.com/index.php/extras/economie-sciences-education-formation/6815-dossier-production-du-poisson
Source Publications de Presse Burundaise
Release date 15/12/2018
Contributor Jean-Marie Manirambona
Geographical coverage Burundi
Keywords produits du lac Tanganyika pour une meilleure rentabilité

En ce qui concerne les zones rurales un peu isolées, l’accès au poisson devient encore plus difficile qu’ailleurs. En réalité, le système de distribution et de vente du poisson ne permet pas facilement d’atteindre les zones rurales éloignées des centres de pêche. D’aucuns sont d’avis que les pêcheurs devraient s’équiper en bateaux de pêche avec un système de congélation afin d’éviter la détérioration des poissons à bord et permettre de vendre le poisson frais dans les différents centres du pays. Dans le cas contraire, le poisson demeurera un produit alimentaire rare et cher, comme on le constate aujourd’hui dans les marchés, les boucheries et les poissonneries.

Une production de 20 000 tonnes en 2015

La production du poisson du lac Tanganyika se fait actuellement par deux sortes de pêche, à savoir la pêche artisanale et la pêche industrielle. Celle-ci permet de produire des quantités destinées généralement à alimenter les grands centres de commerce telles que les boucheries et les poissonneries ; tandis que la pêche artisanale permet l’approvisionnement direct le long du lac Tanganyika et dans les marchés intérieurs. Dans une conférence-débat organisée en juillet 2016 à l’occasion de la préparation de la Journée nationale du lac Tanganyika, le directeur général des ressources en eau, Emmanuel Ndorimana, disait qu’en 2015, la production des poissons du lac s’élevait à 20 000 tonnes. Quant à sa richesse, il a révélé que le lac Tanganyika comprend 325 espèces de poisson dont 157 sont uniques. 
Au Burundi, la pêche est organisée par les pêcheurs eux-mêmes à travers les comités de pêcheurs mis en place sur toutes les plages reconnues. Avec la destruction des engins de pêche prohibés dans le cadre du lancement de la campagne de lutte contre ces engins au Burundi, la production des poissons du lac a augmenté de façon considérable.

Une importante source d’aliments, de bénéfices et d’emplois

Depuis les temps les plus reculés, la pêche constitue une importante source d’aliments, de bénéfices et d’emplois. Elle procure un revenu indéniable à ceux qui en font un métier. Dans un document intitulé « L’approche de précaution appliquée aux pêches de capture et aux introductions d’espèces», l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) considère que pour l’enrichissement des connaissances et le développement dynamique du secteur des pêches, l’humanité commence à comprendre que les ressources aquatiques, quoique renouvelables, ne sont pas infinies et doivent être gérées correctement si on veut maintenir leur contribution au bien- être nutritionnel, économique et social dans la population croissante de la planète. D’après la FAO, l’adoption en 1982 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer a permis de définir un cadre nouveau pour une meilleure gestion des ressources marines. Ainsi, la surexploitation évidente d’importants stocks de poissons, les modifications subies par les écosystèmes, les pertes économiques considérables et les conflits armés concernant la gestion et le commerce des poissons menaçaient la durabilité à long terme des pêches et leur contribution à l’approvisionnement alimentaire. C’est ainsi qu’en 1991, le Comité des pêches de la FAO a recommandé l’élaboration d’urgence des nouvelles approches de la gestion des pêches tenant compte des impératifs de conservation et de protection de l’environnement, ainsi que des considérations sociales et économiques.

La situation du secteur de la pêche dans notre pays

La pêche est pratiquée en grande partie par un certain nombre d’individus qui exploitent le lac Tanganyika à temps plein de façon industrielle ; tandis que d’autres pêcheurs sont considérés comme des agriculteurs–pêcheurs, car exerçant la pêche ponctuellement et de façon artisanale.
Certaines sources du ministère en charge du secteur de pêche indiquent que le potentiel piscicole moyen s’évalue à 300 000 tonnes pour la totalité du lac Tanganyika y compris la partie couverte par les pays riverains ; le potentiel comptant pour la partie burundaise étant de 20 000 tonnes. Les chiffres de 1984 révèlent que le niveau de production du poisson atteignait 12 000 tonnes. A ce moment la conclusion était que le potentiel des eaux du lac était sous-exploité. 
Actuellement la pêche artisanale permet de capturer principalement les voraces appelés Mukeke ainsi que le Ndagala. Cependant, faut-il constater la nécessité de développer les techniques de production de stocks des espèces de poisson peu exploitées jusqu’à présent ; la technologie adaptée pour la pêche artisanale reste inadéquate ; elle pourrait être améliorée par un système d’encadrement de proximité.
Notons également que les cinq lacs du nord de notre pays comptent également dans la production du poisson. S’étendant sur une superficie de 19 390 hectares dont 15 465 reviennent au Burundi, les eaux des lacs du nord disposent d’un potentiel piscicole estimé à environ 700 tonnes par an.

Une demande croissante de poisson au niveau mondial

La situation mondiale des pêches et aquaculture (2006) montre que le poisson et les produits de la pêche sont un des principaux types de produits alimentaires faisant objet d’échange international. Bien plus, ces échanges sont tenus à une évolution positive en raison de la demande toujours croissante pour le poisson et les produits de la mer. Selon cet ouvrage, la part des échanges de poisson dans le commerce total des marchandises est assez limitée et se maintient à environ 1% depuis 1976, avec une tendance baissière enregistrée tout au long des années 90 et au début des années 2000 (0,8% en 2004). La part du poisson dans le volume total des exportations agricoles (produits forestiers compris), s’est accrue à compter de 1976 à 4,5% pour atteindre le niveau record de 9,4% en 2001. Cependant, elle est retombée depuis lors pour arriver à 8,4% en 2004. 
Pour les pays développés, la part des exportations de poissons dans le commerce total des marchandises était de l’ordre de 0,6% à 0,8% pendant la période de 1976 à 2004. La part des exportations de poissons dans le commerce agricole total (produits forestiers compris) a augmenté à la fin des années 70, passant de 4,1% à 6,5% pendant la période de 1998 à 2002. Une chute a été observée en 2004 où le volume d’exportation de poissons était de 6% à raison de la forte progression des exportations des produits agricoles à 33% et des produits forestiers à 37% par rapport à 2003.
Par contre, dans les pays en développement, la part du poisson dans les exportations totales des marchandises s’est améliorée à la fin des années 70 jusqu’à la fin des années 80, avant de s’infléchir et chuter en 2004. La part du poisson dans le volume total des échanges agricoles (produits forestiers compris) a progressé de 5% en 1976, de 16% en 2002, pour diminuer légèrement depuis lors et s’établir à 14% en 2004, sous l’effet de la reprise récente des exportations de produits agricoles et forestiers. Durant la période de 2000 à 2004, les importations mondiales de poissons ont augmenté de 25,4%, atteignant un niveau record de plus de 75 milliards de dollars en 2004. Les principaux marchés d’importation auraient encore augmenté leurs importations de poissons et de leurs produits dérivés en 2005.
La production et le commerce du poisson jouent un rôle important dans l’amélioration de l’économie notamment par la croissance du revenu, la création de l’emploi et la sécurité alimentaire. Ces dernières années, on constate une intensification croissante des échanges internationaux de poissons. Cependant la nature hautement périssable du poisson et de ses produits dérivés explique le fait que les échanges internationaux des poissons sont composés de produits transformés. Pour notre pays, des difficultés d’ordre financier et technologique subsistent pour que le secteur aquacole contribue de façon significative à l’économie nationale. L’acquisition de nouvelles technologies de production et de transformation des produits du lac Tanganyika et des lacs du nord constituerait un atout.

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