Une autre sorte de catastrophe est survenue au quartier Uwinterekwa, zone Gihosha de la commune Ntahangwa il y a de cela quelques semaines. Dans une visite effectuée par le ministère de la Sécurité Publique et de la Gestion des Catastrophes accompagnée par différents experts et des cadres du gouvernement le 26 mars 2019 à cet endroit, le constat est amer. La plupart des maisons présentent des fissures. La partie non construite n’est pas épargnée. Certaines maisons se sont déjà effondrées. L’eau coulait de part et d’autre comme s’il était en train de pleuvoir. Le désarroi se lisait sur le visage des habitants. Ils sont embarrassés. Suite à cette situation étrange, certains ménages étaient en train de vider les lieux. Les habitants crient au secours. Ils pensent que ce sont des démons qui ont envahi ce quartier.
La perte est énorme
Chaque jour qui passe apporte de nouveaux cas de fissuration. De plus, l’effectif des maisons qui s’affaissent augmente exponentiellement, indiquent ces habitants. Marie Claire Kanziza a perdu tout l’espoir. Sa maison en étages s’est effondrée. Lui et son mari sont tous des enseignants. Ils ont quatre enfants et ont contracté un crédit pour construire cette maison. Jusqu’à maintenant, ils sont dans la désolation totale. Ils n’ont pas où loger. Ils ne savent pas à quel saint se vouer. Actuellement, ils dorment chez leurs voisins qui ne sont pas encore touchés par cette catastrophe. Ils se demandent où est- ce qu’ils vont trouver les moyens pour louer une maison d’habitation, car ils touchent actuellement des miettes.
Uwinterekwa, un quartier non viabilisé
Commissaire de police Antoine Ntemako, Directeur Général de la Protection Civile indique qu’il s’agit d’un risque de catastrophe imminent suite au glissement de terrain dû à une fissure du sol liée à une occupation anarchique du sol. De plus, le sol est très fragile à cet endroit, car un glissement de terrain est survenu à cet endroit vers les années 60 et y a créé un ravin. On y cultivait même du riz, car c’était un endroit marécageux. Le poids des maisons y construites pêle-mêle a eu une grande influence sur cette situation. Il n’y a plus de caniveaux pour faciliter l’évacuation des eaux de pluie. L’eau se crée un chemin et fragilise davantage le sol. Selon Ntemako, au lieu que ce soit la population qui suit les services de l’urbanisme et de l’habitat, c’est le contraire. La population achète des parcelles et y implante des maisons sans toutefois attendre le traçage des routes et des caniveaux. Selon Ntemako, la seule solution pour les habitants dont les maisons sont menacées est de déménager.
Pourquoi ce phénomène naturel inquiétant ?
Jean Marie Sabushimike, professeur à l’Université du Burundi fait savoir qu’il y a une généralisation des fissures du sol qui menace toutes les maisons de façon systématique à cet endroit. C’est un phénomène naturel extrêmement inquiétant. Cette situation s’explique par la nouvelle occupation du sol par la population sans contrôle sur le plan technique. On n’a pas tenu compte des propriétés géotechniques du sol lors de la construction. S’il s’agit d’un sol argilo- sablonneux ou sablo- argileux, il y a des règles de construction qui s’imposent. En principe, le sol devrait être bien étudié et surtout qu’il s’agit des dépôts superficiels du quaternaire mal consolidés. De plus, le versant bouge et il s’observe «un tarissement différentiel». On voit des pans de murs qui descendent et qui laissent d’autres dans leur situation initiale (en haut). Cette catastrophe est aussi liée à la forte pluviométrie enregistrée dans la sous- région. Actuellement, avec le phénomène El nino, on peut s’attendre au pire au mois d’avril de cette année. C’est pour cela qu’il y a nécessité d’un contrôle systématique des maisons menacées par les fissures pour relocaliser les victimes. Sabushimike, précise qu’il s’agit d’une catastrophe naturelle rare. On était habitué à des glissements de terrain et non à des fissures.
Les services de l’urbanisation et de l’habitat doivent se réveiller pour jouer leur rôle. Ce sont eux qui devraient empêcher à la population de construire comme elle veut. Ils doivent veuiller à ce qu’on habite dans des villes résilientes comme le stipule les Objectifs de Développement Durable.