News « Lac Tanganyika, un trésor oublié »

Fixée au 22 juillet, la célébration de la journée nationale du Lac Tanganyika a été reportée au 28 juillet. Albert Mbonerane, environnementaliste, fait le point sur sa préservation.

Concerned URL https://iwacu.global.ssl.fastly.net/lac-tanganyika-un-tresor-oublie/
Source IWACU
Release date 03/08/2018
Contributor Aimable Mbonyintwari
Geographical coverage Burundi
Keywords lac Tanganyika, eaux usées

Quel est l’état de protection du Lac Tanganyika ?

Déplorable ! Il n’est pas suffisamment protégé. Des eaux usées provenant des usines, des stations-services, des déchets ménagers en plastique, des sédiments finissent par là. Ce qui le rend très pollué. Suite au degré élevé de pollution, il a d’ailleurs été désigné, en 2017, comme le « lac le plus menacé de l’année » par le Global Nature Fund (GNF). Dans sa zone tampon de 150 m, des habitations, des hôtels, des bars … y poussent au vu et au su de l’administration. Bref, le lac Tanganyika est un trésor oublié.

Quelles sont les conséquences de cette situation ?

Désastreuses et dangereuses. La pollution entraîne entre autres la destruction de la biodiversité. La production des produits aquatiques comme le poisson, les Ndagala… diminue sensiblement. Selon la direction des eaux, de la pêche et de l’aquaculture, en 2000, la production était de 20 mille tonnes. Elle a chuté jusqu’à 10 mille tonnes en 2010. Plusieurs espèces ont disparu du littoral. Celles qui s’acclimatent comme les tilapias sont dangereuses pour les riverains. Ils se nourrissent de produits très polluants, comme les métaux lourds (le plomb, le chrome, etc). Et via la chaîne alimentaire, ces produits vecteurs de certaines maladies comme le cancer finissent dans le corps humain.

L’eau devient aussi polluée, ce qui est à l’origine des maladies comme la diarrhée et le choléra. Aujourd’hui, la Regideso est obligée de capter l’eau à plus de 3,5 km et à 25 m de profondeur alors qu’avant 1980, le point de captage se trouvait à 1,5 km.

Que faut-il faire pour sauver ce patrimoine ?

L’idéal serait qu’il y ait réapparition du ministère de l’Eau, de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire pour avoir un ministère régulateur. Avec le jumelage du ministère de l’Environnement et de l’Agriculture et de l’Elevage, la priorité revient à l’agriculture et à l’élevage. Car économiquement on se demandera ce que rapporte l’environnement dans les caisses de l’Etat ?
C’est ce ministère régulateur qui veillerait à la mise en application des quatre textes, à savoir le code de l’environnement (juin 2000), le code foncier (9 août 2011), celui de l’Eau (26 mars 2012) et le code forestier (15 juillet 2016).
Dans ces conditions, toutes les richesses naturelles du Burundi dont le Lac Tanganyika seront protégées.

Quid des responsabilités ?

Les premiers responsables sont les dirigeants. Ils doivent tout faire pour que les textes de loi en rapport avec la biodiversité, l’environnement, le code de l’eau, la loi sur la pêche soient bien respectés.

La police ne peut pas intervenir si l’autorité administrative n’est pas engagée. Si le gouvernement venait à prendre des mesures claires et pérennes pour la protection de ce trésor, toute la population, notamment les riverains et les exploitants de ses richesses halieutiques, serait obligée de respecter les dispositions des différents codes.

Seul le gouvernement peut prendre des sanctions contre les contrevenants. Ceci implique que la protection des ressources naturelles comme les eaux du lac Tanganyika soit une priorité des politiques du Burundi et des autres pays (RDC, Tanzanie, Zambie) signataires de la Convention sur la gestion durable des eaux du Lac Tanganyika.

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