« Pour améliorer la situation, nous devons adopter une approche globale des paysages, afin de renforcer la résilience des écosystèmes tout en faisant évoluer les moyens d’existence des populations afin d’instaurer la paix et la prospérité », explique Paola Agostini, experte mondiale en préservation des forêts, des paysages et des écosystèmes à la Banque mondiale. « Ce projet a contribué à modifier les comportements des communautés locales : ces dernières sont plus soucieuses de la protection de la réserve forestière et cultivent désormais le café sous ombrage, selon une technique qui est à la fois plus respectueuse de l’environnement et source de revenu pour les personnes qui dépendent des ressources naturelles ».
Ce mode de polyculture consiste à intercaler des plants de café et d’autres arbres. Les caféiers poussent à l’ombre de la canopée et bénéficient de nutriments et d’arômes provenant des autres cultures, comme la banane, l’avocat, l’orange, la mandarine, le citron ou encore le cacao. Grâce à cette méthode, la population a pu diversifier sa production, améliorer la fertilité des sols et, partant, sa sécurité alimentaire, tout en luttant contre l’érosion des sols.
Leonidas et son équipe sont convaincus que la protection des ressources naturelles peut être un moteur de la croissance. Ils ont lancé en 2014 un projet communautaire d’agritourisme qui permet aux cultivateurs de café de montrer que cette filière peut contribuer à la préservation de l’environnement. Ils soutiennent également l’essor de l’écotourisme, avec la réhabilitation de sources thermales, la création de nouveaux sentiers d’accès aux chutes d’eau et l’habituation des chimpanzés à la présence humaine.
L’une des grandes réussites du projet a été la participation des Batwas à la gestion de la réserve. Un système inédit a pour cela été mis en place : des membres de la communauté ont travaillé à la préservation de la réserve et les revenus correspondants ont été placés dans un fonds d’épargne communautaire. Ainsi, et pour la première fois dans l’histoire du Burundi, une communauté Batwa a pu acheter des terres avec son propre argent.
Toutes ces actions contribuent à modifier les paysages et les moyens d’existence au Burundi. Les méthodes innovantes mises en œuvre avec ce projet vont maintenant être étendues dans le cadre de deux opérations approuvées récemment : le Projet de régénération des paysages et de résilience et le Projet pour la compétitivité du secteur du café, qui bénéficient respectivement d’un financement de l’IDA de 30 et 55 millions de dollars.
Et Leonidas Nzigiyimpa de conclure : « Ce prix me donne encore plus d’énergie pour aller de l’avant et continuer à travailler avec les communautés, en particulier les jeunes. Si nous réussissons à impliquer les jeunes dans la protection de l’environnement et des ressources naturelles, nous parviendrons à transformer nos vies et notre pays ».