News Atelier de sensibilisation des communautés locales et administratifs à la base sur l’importance socio-économique de l’espèce Ermospatha haullevilleana (Rotin) pour sa restauration effective

En dates du 27 au 28 Janvier 2020, s'est tenu en zone Kigwena de la commune Rumonge et province Rumonge, un atelier portant sur la sensibilisation des communautés locales et administratifs à la base sur l’importance socio-économique de l’espèce Ermospatha haullevilleana (Rotin) pour sa restauration effective et cela dans le cadre du programme de recherche, échange d’information, sensibilisation et conservation de la biodiversité.

Etaient présent :

Le Représentant du Directeur Général de l’Office Burundais pour la Protection de l’Environnement (OBPE), une Représentante du Gouverneur de la Province Rumonge, les différents chefs de zones riveraines de la Réserve Naturelle Forestière de Kigwena, le gestionnaire de la Réserve Forestière de Kigwena, les différents cadres de l’OBPE, les responsables des clubs environnementaux dans les écoles de la zone et les élèves membres de ces clubs, les exploitants d’Eremospatha dans la région, le Commissaire Provinciale pour la Protection Civile, les membres des différentes associations oeuvrant dans le domaine de l’environnement, le responsable du Bureau Provincial de l'Environnement, Agriculture et Elevage (BPEAE) et le représentant de la radio locale IZERE FM.

Photo de famille des participants à l’atelier

Mot de bienvenu de bienvenue

L’atelier a débuté par les mots de bienvenu respectivement du chef de zone et du Représentant du Gouverneur de la Province Rumonge. Les deux autorités ont souhaité le bienvenu aux différents participants de l’atelier.

Ensuite, elles ont salués l’initiative de l’Office Burundais pour la Protection de l’Environnement d’avoir organisé cette réunion de grande importance sur l’importance socio-économique de l’Eremospatha appelée communément rotin.Les deux autorités ont affirmés qu’ils ignoraient l’existence de cette espèce dans la zone, ses différents usages et les différents atouts socio-économiques autour de cette espèce. Pour ce faire, ils ont appelés les participants à bien tirer attention lors des différentes présentations visant à les informer sur l’état de l’espèce dans la zone.
Mot de bienvenue du chef de zone Kigwena  

Discours d’ouverture de l’atelier

Le discours d’ouverture de l’atelier a été prononcé le  chef de Service administratif de l’OBPE qui représentait le Directeur Général de l’Office Burundais pour la Protection de l’Environnement. Il a commencé par remercier les participants pour avoir momentanément interrompu leurs occupations de tous les jours pour répondre à l’invitation de participer au présent atelier.

Il a expliqué que cet atelier a été organisé dans un but de sensibiliser les différents groupes cibles sur les valeurs socio-économiques des biens et services écosystémiques en général et de l’espèce Eremospatha. Il a signalé que cette espèce est d’une grande importance socio-économique puisqu’elle est utilisée dans la fabrication des meubles qui sont d’ailleurs plus chers que ceux fabriqués en bois. Cependant, il a déploré que cette espèce soit menacée d’extinction sur tout le territoire burundais.

Mot d’ouverture de l’atelier par le Représentant du Directeur Général de l’OBPE

Il a ajouté que l’extinction de cette espèce est liée à la pression démographique mais également à son exploitation irrationnelle dans les années antérieures. C’est dans l’optique de gérer durablement le stock de cette espèce existant encore sur le sol burundais et de restaurer ses habitats afin d’y développer une filière. Cela pourrait être bénéfique pour tous les acteurs de la filière dont les communautés locales exploitant l’espèce, les propriétaires des ateliers qui utilisent Eremospatha comme matière première mais aussi l’Etat qui bénéficie à travers les impôts et les taxes.

Ensuite, il a invité les participants donc à suivre avec intérêt l’exposé qui montre l’état des lieux de cette espèce au Burundi et les solutions proposées pour faire face à son extinction.

 Après le mot d’ouverture du Représentant du DG de l’OBPE, une brève présentation des participants à cet atelier a suivi.

Vue d’ensemble des participants à l’atelier

Présentation sur l’état des lieux d’Eremospatha haullevilleana

La présentation sur cette espèce a été faite par Mr Onesphore MASABO et portait comme thème : « Comprendre l’importance socio-économique du rotin pour sa restauration effective: Appel lancé aux parties prenantes dont les communautés locales et les administratives à la base pour leur implication effective à la restauration du rotin au Burundi ».

Au début de cette présentation, il a été signalé que plusieurs acteurs ignorent l’importance des différentes ressources naturelles en général et l’espèce Eremospatha en particulier. Ainsi pour cette dernière, elle se retrouve menacer d’extinction.

 

En effet, la pression démographique et la rareté des terres que connaît le Burundi sont les principales sources de l’extinction d’Eremospatha. Ces deux facteurs conduisent à la conversion des écosystèmes naturelles en général et des habitats d’Eremospatha en particulier, en terres agricoles.

Présentation par Onesphore MASABO

La situation actuelle d’Eremospatha est très critique malgré ses multiples usages d’importance socio-économique. Concernant ses usages, le présentateur a souligné que l’espèce était fort longtemps utilisée au Burundi. Par exemple, à l’époque royale les brancards qui servaient au transport du roi étaient confectionnés en rotin. Egalement différents matériels comme des lits et des meubles étaient fabriqués en rotin. Actuellement des meubles fabriqués à base d’Eremospatha sont considérés comme de haute qualité et par ailleurs coûte plus cher que ceux fabriqués en bois. Cette espèce est de haute valeur économique ce qui a été même témoigné par ses anciens exploitants de la région. Ils ont affirmé qu’en 1980, 1 Kg de rotin s’acheter par les chinois à des prix variant entre 200 et 300 FBu. Selon ces exploitants, ils pouvaient gagner facilement 100 000 FBu par semaine. Ils ont ajouté que certains se sont acheté des parcelles et des véhicules avec l’argent tiré de ce commerce. Ces prix comparativement au prix actuel du café (500 Fbu le Kg), culture de rente au Burundi, témoigne la haute valeur économique d’Eremospatha.

Témoignages des anciens exploitants d’Eremospatha sur sa valeur économique

 

Au point de vue répartition de l’espèce, l’étude qui a été menée en 201….a révélé que l’espèce est actuellement retrouvée dans quelques province du Burundi mais sous forme de traces. Cela se justifie par une superficie occupée par l’espèce ne dépassant pas 1 Ha sur tout le territoire burundais.

 

Face à cette situation, une planification, actuellement insuffisante, de la gestion de cette espèce s’avère indispensable. Et se référant à l’article 28 de la loi no1/10 du 30 Mai 2011 portant création et gestion des aires protégées au Burundi qui stipule que si une ressource renouvelable d’une aire protégée est en danger connu ou prévisible dans une étude d’impact, des alternatives peuvent être envisagées pour les populations riveraines. Ainsi, des alternatives innovantes doivent être adoptées pour restaurer l’Eremospatha dans un contexte de pression démographique et de rareté de terres. Une des techniques innovantes proposées par l’OBPE est l’association d’Eremospatha à des Palmiers à huile.

 

C’est dans ce cadre que l’OPBE a entrepris des études sur Eremospatha sur sa répartition et sa domestication en vue sa restauration. Les résultats issus de l’étude sur la domestication de l’espèce ont été promettant. En effet, l’étude a consisté en l’association d’Eremospatha et des palmiers à huile. Cette association s’est révélé le plus bénéfique étant donné qu’elle prévoit l’introduction d’Eremospatha dans les champs des palmiers à huile au stade où l’association avec d’autres plantes n’est plus possible. Egalement, l’espace occupé par ces deux espèces serait valorisé durablement ce qui permettrait par conséquent d’avoir un double rendement.

 

Le présentateur a atterri en expliquant que le succès de la restauration à travers cette association de ces deux espèces nécessite la collaboration de tous les acteurs notamment les administratives, les communautés locales, les techniciens agricoles et les institutions de recherche. Les communautés locales détentrices des champs des palmiers à huile devraient être sensibilisé afin d’adopter cette technique. Cela nécessite la forte implication des administratives à la base et des techniciens agricoles mais également associations et des clubs environnementaux des différentes écoles de la zone.

 

Qu’une fois que la communauté ait conscience de l’importance de l’association l’Eremosptha et Palmier à huile leur structuration en association s’avère impérative.

 

Que leur encadrement serait capital pour que le système soit très productif mais également son exploitation devrait être réglementée.

 

Que l’OBPE devrait renforcer la sensibilisation auprès des différents acteurs ayant un impact sur la gestion durable de l’espèce Eremospatha et son association avec les palmiers à huile afin que ces acteurs s’en approprient.

 

Après la présentation, les différents participants ont intervenu sur l’espèce Eremospatha et son association avec le palmier à huile.

 

A travers les différentes interventions des participants, des aspects techniques et socio-économiques autour de l’espèce ont été débattu. Quelques questions et observations ont été émises entre autre :

 

  • En cas d’association de ces deux espèces il n’y aurait pas de concurrence entre elles ce qui réduirait le rendement de l’une des deux mais surtout celui du Palmier à huile.

 

  • Serait-il facile la récolte des fruits du Palmier à huile une fois qu’Eremospatha, plantes épineuses, aurait atteint la hauteur du palmier

 

  • Le marché pour Eremospatha serait garanti une fois que la population aurait adopté ce système d’association d’Eremospatha et Palmier à huile.

 

  • Qu’en est-il du temps émis pour pouvoir récolter Eremospatha.

 

  • L’OBPE envisage-t-il des techniques de multiplication de l’Eremopatha et qu’en est-il de leur vulgarisation.

 

  • L’OBPE aurait-il consulté le protocole de l’OHP pour le Palmier à huile afin d’y tenir compte en proposant l’association de ce dernier avec Eremospatha

 

Différentes interventions des participants à l’atelier

 

Par rapport à probable concurrence entre Eremospatha et Palmier à huile une fois associées, les cadres de l’OBPE ont confirmé que malgré que cet aspect ne soit pas encore bien approfondi que les résultats de l’étude antérieure sur l’association de ces deux espèces étaient promettant. Mais des études ultérieures pourraient comparer les rendements du Palmier à huile en association avec Eremospatha à ceux du Palmier à huile en monoculture.

 

Selon les cadres de l’OBPE, l’espèce est actuellement exportée de la Tanzanie par les propriétaires des ateliers qui l’utilisent comme matière première dans la fabrication des immobiliers, ce qui justifie que le marché d’écoulement est garanti.

 

Par rapport à la maitrise du cycle de vie d’Eremospatha, les cadres de l’OBPE ont répondu que cet aspect n’est pas encore été étudié mais c’est envisager de la réaliser dans un avenir proche.

 

Concernant la maîtrise des techniques de multiplication d’Eremospatha, l’OBPE envisage vulgariser ces techniques auprès des techniciens agricoles et des communautés locales. L’OBPE compte également collaborer avec les autres institutions de recherche (ISABU, Université du Burundi, …) pour étudier les techniques de multiplication plus performantes de l’espèce.

Interventions des différents cadres de l’OBPE

 

Avant de clôturer la réunion différentes recommandations ont été émises à savoir :

 

  • Mener des études sur les rendements des palmiers à huile en cas de leur association avec Eremospatha afin d’évaluer la probable concurrence pour les éléments nutritifs entre ces 2 espèces ;

 

  • Etudier et maîtriser le cycle de vie d’Eremospatha afin d’évaluer la rentabilité son association avec le palmier à huile serait rentable ;

 

  • Mettre en place, en collaboration avec OHP, un protocole de production et d’exploitation d’Ermospatha en association avec le Palmier à huile ;

 

  • Ce protocole doit être traduit également en langue nationale pour qu’il soit opérationnel à tous les niveaux ;

 

  • Mettre en place une pépinière qui servira à la multiplication d’Eremospatha auprès des communautés locales ;

 

  • Renforcer la sensibilisation pour que tous les acteurs s’imprègnent des atouts de l’association de ces deux espèces

 

  • Mettre en application des textes légaux visant à la préservation des espèces menacées d’extinction afin de gérer durablement le stock d’Eremospatha restant au Burundi.

 

Après la séance en salle, une visite guidée sur terrain a suivi. Guidé  par le gestionnaire de  la réserve forestière de Kigwena et les cadres à l’OBPE, la visite  a été effectuée dans un habitat de la réserve où Eremospatha prolifère. Le but de cette visite était de faire des observations in situ étant donné que les différents participants s’étaient déclarés ne connaissant pas cette espèce.

 

Visite guidé dans la Réserve forestière de Kigwena pour l’observation d’Eremospatha

Enfin, le Représentant du DG de l’OPBE a procédé à la clôture de l’atelier tout en remerciant tous les participants pour leur forte implication durant ces deux jours d’atelier. Il les rappelé également qu’ils sont des messagers ayant le devoir d’annoncer l’importance socio-économique d’Eremospatha et les différents intérêts autour de son association avec les palmiers à huile.

Release date 25/02/2020
Contributor Didier Mbarushimana
Geographical coverage Burundi
Keywords Sensibilisation, communautés locales, administration, Eremospatha, rotin

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