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Pesticides ou produits phytosanitaires

Mis à jour le 05/03/2021175 K lectures


Dans les pays industrialisés, la révolution verte des années 1960 a considérablement augmenté la productivité agricole en jouant sur l'augmentation des surfaces cultivées, la mécanisation, la plantation de cultures sélectionnées et hybrides aux rendements plus élevés, le remembrement et la lutte contre toutes les nuisances.
Cette lutte passe notamment par le recours massif aux pesticides, qui sont des produits chimiques dangereux destinés à repousser ou tuer les rongeurs, champignons, maladies, insectes et "mauvaises herbes" qui fragilisent le mode de culture intensif.

Les pesticides ne sont pas seulement utilisés dans l'agriculture mais aussi dans le jardin du particulier, dans les parcs ouverts au public, pour l'entretien de la voirie, des voies ferrées, des aéroports, des aires de loisirs (golfs, hippodromes...).[1]

Les pesticides sont des Polluants Organiques Persistants qui perdurent dans l'environnement, s'accumulent dans les graisses et sont, d'une manière générale, dangereux pour la santé : cancers, altération du système immunitaire, problèmes de reproduction...

Les pesticides touchent aussi massivement les zones rurales des PVD (Pays en Voie de Développement) où malformations, cancers, maladies congénitales, désordres du système nerveux déciment la population.

Pesticide : définition

Le mot « pesticide » se compose du suffixe commun -cide, du latin caedo, caedere, qui signifie tuer, et du mot -pestis, qui désigne un animal nuisible, un fléau. Les pesticides sont des tueurs de parasites. Ce terme générique désigne l'ensemble des produits chimiques, naturels ou de synthèse, destinés à repousser ou détruire les nuisibles, (microbes, animaux ou végétaux), durant la production, le stockage ou la commercialisation de produits agricoles, de denrées alimentaires, ou de bois. Ils servent également à combattre les différents vecteurs de maladies humaines ou animales (Rapport d'information sur les pesticides et leur impact sur la santé, 10/2012).
Ainsi, on désigne par pesticide tout substance destinée à repousser, détruire ou combattre les ravageurs et les espèces indésirables de plantes ou d'animaux. Sont également inclus les régulateurs de croissance des plantes, les défoliants (pour faire tomber les feuilles), les dessicants (pour absorber l'humidité), les agents qui réduisent le nombre de fruits ou évitent leur chute précoce ainsi que les substances appliquées avant ou après récolte pour conserver les produits pendant leur stockage et leur transport (Rapport d'information sur les pesticides - Assemblée Nationale, 02/06/2009)

Il existe près de 100 familles chimiques de pesticides : organophosphorés, organochlorés, carbamates, pyréthrinoïdes, triazines. Il existe près de 10 000 formulations commerciales composées de la matière active et d'adjuvants et qui se présentent sous différentes formes (liquides, solides : granulés, poudres,..).

D'un point de vue réglementaire européen, on distingue deux grandes catégories de pesticides :

  • les produits phytopharmaceutiques destinés à la protection des végétaux. Il en existe trois types : les herbicides, les fongicides et les insecticides.
  • les biocides destinés à la protection des éléments de construction (charpente) ou des animaux domestiques.

Les pesticides sont généralement classés en fonction de la cible qu'ils visent, on distingue ainsi :

  • les herbicides pour lutter contre les adventices dites "mauvaises herbes" ;
  • les acaricides : pour tuer les acariens ;
  • les fongicides pour détruire les champignons ;
  • les bactéricides pour tuer les bactéries ;
  • les insecticides pour tuer les insectes ;
  • les corvicides contre les oiseaux ;
  • les rodenticides pour lutter contre les taupes et les rongeurs ;
  • les mollusicides contre les limaces ;
  • les nématicides contre les nématodes (petits vers) ;
  • les régulateurs de croissance.

Les pesticides sont également regroupés en fonction de leurs composants actifs ou substance active : organochlorés (DDT, lindane...), triazines (atrazine, simazine...), acétamides (acetochlore, alachlore...)...
La substance active exerce une action générale ou spécifique sur les organismes nuisibles ou végétaux. Au final, Un produit phytosanitaire désigne un produit phytopharmaceutique et ses adjuvants (produit ajouté pour renforcer l'action de la substance active).

Historique des pesticides

Avant la seconde Guerre Mondiale, les pesticides employés en agriculture étaient des dérivés de composés minéraux ou de plantes : arsenic, cuivre, zinc, manganèse, plomb, pyrèthre, roténone, sulfate de nicotine... Que l'on retrouve en partie dans les cigarettes actuelles.
Ce sont les armes chimiques de la première Guerre Mondiale comme le fameux gaz moutarde (composé de chlore) qui assureront un nouveau débouché industriel pour les pesticides, une fois le conflit terminé.
Ainsi, les organochlorés firent leur apparition avec de nombreuses déclinaisons qui ont connu un énorme succès comme le célèbre DDT, interdit en Europe depuis 1972.

Les pesticides : une arme dans la guerre du Viêtnam

La guerre du Viêtnam reste la "plus grande guerre chimique expérimentale de tous les temps" selon l'amiral américain Elmo R. Zumwalt, commandant des forces navales au Vietnam. En effet, "l'agent orange", un puissant défoliant a été utilisé massivement par les américains et leurs alliés de 1961 à 1971, au Viêtnam, au Laos et au Cambodge pour priver l'ennemi de la protection visuelle de la couverture végétale et afin de l'affamer en détruisant ses récoltes.
77 millions de litres ont ainsi été déversées sur près de 3 millions d'hectares...

Or, la fabrication de "l'agent orange", en théorie inoffensif pour l'Homme, nécessite une dioxine à l'origine de maladies de la peau, de cancers et de malformations qui auraient fait entre 2 et 5 millions de victimes (Guerres & Histoires, août 2012). Aujourd'hui encore, les effets de cette dioxine particulièrement résistante se font sentir.
Début août 2012, après plus de 40 ans de déni, pour la première fois, les Etats-Unis se sont engagés dans une opération de dépollution sur l'ancienne base américaine de Danang, dans le centre du Vietnam (un des trois sites les plus contaminés du pays). Celui-ci présente des concentrations toxiques 400 fois supérieures aux normes acceptables.

L'essor des Variétés Tolérantes à un Herbicide (VTH)

Depuis la mise au point des herbicides de synthèse dans les années 1950, l'élimination des adventices (plantes indésirables) repose principalement sur la sélectivité des herbicides, c'est à dire leur capacité à cibler les "mauvaises herbes" sans porter préjudice aux cultures. Cependant, face à la difficulté à découvrir de nouveaux modes d'action, les industriels ont cherché, dès les années 1980, à modifier les caractéristiques des variétés cultivées pour les rendre tolérantes à l'application d'un herbicide, on parle alors de variétés tolérantes à un herbicide (VTH). Pour ce faire, trois méthodes sont utilisées (INRA, mars 2012) :

  • la sélection de spécimens naturellement résistants ;
  • sélection de spécimens par mutagénèse ;
  • introduction de gènes de tolérance par transgénèse (OGM) - 95% des VTH.

Les pesticides : une pollution planétaire

Les résidus industriels chimiques et les pesticides sont transportés sur des milliers de kilomètres via le cycle de l'eau et les masses d'air comme en témoigne la contamination des Inuits du Grand Nord Canadien qui vivent pourtant de chasse et de pêche. Les bébés inuits nourris au sein développent jusqu'à quinze fois plus d'otites que ceux du Québec Sud (DEWAILLY E. et al, 2000).

Avec des décennies d'agriculture industrielle polluante, des millions de tonnes de pesticides ont été déversées sur les cultures en France, intégrant toutes les composantes de la biosphère : eau, sol, air, végétation, animaux et Homme.
Ainsi, 92 % des eaux de surface sont polluées par les pesticides en France. Ce qui nuit à la qualité de l'eau potable au robinet, mais aussi à quelques eaux de sources et minérales vendues en bouteille.
La Concentration Maximale Admissible (CMA) pour les pesticides dans l'eau distribuée au robinet est de 0,1 µg/l/pesticide et de 0,5 µg/l pour tous les pesticides selon la réglementation européenne (directive 98/83/CE). Cette valeur est dépassée pour des millions de français chaque année (Ministère de la Santé).

Même l'eau de pluie et le brouillard peuvent contenir respectivement de 0,1 µg/l jusqu'à 14 µg/l de pesticides d'après des relevés de l'INRA. Une étude d'AirParif de 2007 a même retrouvé une vingtaine de pesticides différents dans l'air de Paris !
En effet, lors de la pulvérisation sur les cultures, on estime qu'environ 25 à 75%, voire plus, des quantités se dispersent dans l'atmosphère et qu'environ 30 % des goutelettes épandues n'atteignent pas leurs cibles et contaminent l'environnement (Minghuan Xu et al. Physics of Fluids 33, 032107 (2021)).

Les pesticides contaminent l'eau et les océans

Les pesticides utilisés terminent généralement leur parcours dans les cours d'eau environnants, avec un effet négatif sur la faune et la flore locales. Plusieurs études ont en effet montré que ces pesticides sont à l'origine d'une hécatombe de la biodiversité des milieux aquatiques. Ainsi, une étude publiée dans la revue PNAS de l'Académie américaine des sciences met clairement en évidence le lien entre la présence diffuse des pesticides dans un milieu et la perte d'espèces qui est observée. Jusqu'à 42 % de la biodiversité locale des invertébrés dans les cours d'eau peut être réduite par les pesticides ! Des éléments importants de la chaîne alimentaire, comme les éphémères et les libellules sont particulièrement touchés. Du point de vue des chercheurs, l'évaluation des risques induits par l'introduction des pesticides dans l'environnement doit être réévaluée, les normes redéfinies et les textes de lois révisés...

On retrouve ensuite des pesticides dans tous les écosystèmes marins : "c'est grâce à des moyens de détection toujours plus performants que nous savons aujourd’hui que les pesticides sont présents dans tous les milieux marins. On les retrouve dans des lagunes à des taux suffisants pour générer un risque pour ces écosystèmes confinés, mais aussi plus au large à l’état de traces.
Plus surprenant : des molécules de DDT ont été découvertes à plus de 3 000 mètres de profondeur au large de la Californie.
" précisait en novembre 2020, Wilfried Sanchez, directeur scientifique adjoint en charge de la thématique « contaminants et effets sur le milieu marin » à l'Ifremer.

Des pesticides dans l'air intérieur

Notons que l'air des maisons peut être plus pollué que l'extérieur. En effet, de nombreux produits de traitement utilisés par les jardiniers sont rapportés à l'intérieur des habitations par leurs occupants et leurs animaux domestiques (Nishioka, 2001).
Ces résidus, remis en suspension et qui perdurent sur les sols (notamment les moquettes et les tapis) constituent alors des risques notables pour les plus jeunes qui les respirent et les ingèrent alors que leur organisme est bien plus vulnérable.
Cette constatation n'est pas une fatalité puisque le jardinier dispose de moyens simples et économes pour prévenir ces risques sur notre santé.

De surcroît, les insecticides ménagers (bombes aérosols, boîtes appâts, colliers antiparasites...) sont autant de sources nocives pour notre santé.

Des Polluants Organiques Persistants

La rémanence des pesticides dans l'environnement peut varier de quelques heures ou jours à plusieurs années. Ils sont transformés ou dégradés en nombreux métabolites. Certains, comme les organochlorés persistent pendant des années dans l'environnement et se retrouvent dans la chaine alimentaire.
Ainsi, tous les pesticides organochlorés de première génération sont des POP (Polluants Organiques Persistants) dont voici les principales caractéristiques :

  • ils perdurent dans l'environnement
  • ils s'accumulent dans les graisses et via la chaîne alimentaire notamment chez les super-prédateurs comme l'Homme
  • ils sont dispersés dans l'environnement via les courants atmosphériques et marins
  • ils sont dangereux pour la santé : cancers, altération du système immunitaire, problèmes de reproduction...

12 POP ont été recensés par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) et interdits dans de nombreux pays comme l'Union Européenne (UE) et les Etats-Unis lors de la convention de Stockholm de mai 2001.
Bien que ces POP ne soient plus utilisés dans les pays industrialisés depuis plus de 20 ans, ils perdurent encore dans les écosystèmes et donc dans nos aliments.

De plus, les organochlorés interdits ont été remplacés par de nombreuses autres familles chimiques dont les organophosphorés moins persistant dans l'environnement mais plus toxiques.

Les pesticides : une consommation planétaire

Depuis 40 ans, les pesticides touchent tous les pays et les capacités de production des pays en voie de développement sont en pleine expansion.
Ainsi, les pesticides touchent massivement les zones rurales des PVD (Pays en Voie de Développement) où malformations, cancers, maladies congénitales, désordres du système nerveux déciment une population qui souffre déjà de nombreux maux.
Même si les pulvérisations se font petit à petit de plus en plus rares, il demeure des stocks importants de pesticides périmés :

  • 100 000 t en Afrique et au Moyen-Orient
  • 200 000 t en Asie
  • 200 000 t en Europe de l'Est avec la Russie.

Trop souvent, les pesticides sont abandonnés à ciel ouvert...
Pourquoi de telles quantités ? Manque d'équipements, d'informations, achats et dons trop importants, corruption avec les producteurs occidentaux qui se débarrassent à bas prix de leurs stocks de pesticides interdits vers les PVD. Une ONG américaine a ainsi estimé en 1995-1996 que 14 tonnes de pesticides interdits aux Etats-Unis étaient exportés par jour vers le Pakistan et le Vénézuela (SMITH C., ROOT E., 1999).

Au niveau mondial, les ventes augmentent ainsi que la toxicité des produits vendus. Ceci conduit nécessairement à une pollution généralisée des écosystèmes de notre planète.

La commercialisation des pesticides en France

En France, l'encadrement réglementaire des pesticides date du 2 novembre 1943, validée par une ordonnance du 13 avril 1945. Aujourd'hui, c'est essentiellement le droit communautaire européen qui fixe les grandes orientations législatives.

En France, la mise en vente de produits pesticides dépend de l'obtention d'une autorisation de mise sur le marché (AMM), valable dix ans. Elle est délivrée par le ministre chargé de l'agriculture, après une procédure d'évaluation du risque pour le consommateur, l'utilisateur et l'environnement. Or, jusqu'à présent, ces évaluations sont effectuées sur la base des propres études et déclarations du fabricant. Impensable mais vrai : un scandale porté à la connaissance du public suite à l'étude du Pr. Séralini sur le maïs transgénique Monsanto 810.

Aujourd'hui, un peu moins de 500 substances actives sont approuvées en France et un peu plus de 330 sont présentes dans des produits ayant des AMM. Or, les effets de ces produits sur la santé se manifestent parfois plusieurs dizaines d'années après leur utilisation. Le suivi des produits après leur mise sur le marché n'est qu'imparfaitement assuré au regard de leurs impacts sanitaires réels et l'effet des perturbateurs endocriniens est mal pris en compte. Il est donc nécessaire d'améliorer la procédure d'autorisation de mise sur le marché des pesticides (AMM) et le suivi post-AMM souligne la Mission d'information sur les pesticides et leur impact sur la santé du Sénat.

Les pesticides : les risques sur la santé

En 2004, l'OMS estimait que les pesticides étaient à l'origine de 3 millions d'empoisonnements et de 250 000 morts par an dans le monde. En août 2007 la célèbre revue médicale "The Lancet" publie même une étude montrant que le suicide aux pesticides fait 300 000 morts par an dans les campagnes asiatiques ! Les pays développés qui utilisent 80 % des quantités de pesticides ne comptent que la moitié des cas d'intoxication.
Les troubles aigus concernent principalement les muqueuses, la peau, le système digestif et le système respiratoire.

Notre corps est imprégné de pesticides, ainsi tout adulte européen héberge jusqu'à 500 produits chimiques industriels différents qui se sont accumulés dans les graisses. Un grand nombre sont des pesticides.
Les POP se retrouvent dans les tissus adipeux, le cerveau, le sang, le lait maternel, le fois, le placenta, le sperme et le sang du cordon ombilical.
En France, les principaux polluants du lait maternel, qui reste un bon indicateur de la contamination de l'ensemble de l'organisme, sont le HCH et le DDT pourtant inutilisé depuis près de 30 ans.
En Grande-Bretagne, en 1997, 99% des échantillons de tissus adipeux contenaient un dérivé de DDT.

Différentes études révèlent ainsi que les populations sont massivement contaminées.

Une enquête annuelle de 2009 du gouvernement bangladeshi sur la situation sanitaire du pays a révélé que les empoisonnements liés aux pesticides étaient l'une des principales causes de décès. Les victimes méconnaissent les précautions d'utilisation et réutilisent les contenants.

Une étude hollandaise de novembre 2000 révèle que 2% des enfants (0 à 6 ans) hollandais (soit un effectif d'environ 20 000) reçoivent une dose supérieure à la Dose Journalière Admissible (DJA) et 2% une dose suffisante pour déclencher des symptômes d'empoisonnement par la consommation de fruits et légumes. Pour autant, la norme européenne (100 µg/kg/pesticide/j) n'est jamais dépassée, preuve qu'elle n'est pas adaptée.
Une même étude a été conduite aux Etats-Unis par l'ONG EWG en 1998 : plus de 600 000 enfants absorberaient chaque jour une dose de pesticides organophosphorés supérieure au maximum toléré par l'EPA (Agence de Protection de l'Environnement).
Ces résultats pourraient être facilement transposés à la France...

Pesticides : les risques pour les professionnels

"En milieu professionnel, la voie cutanée représente la principale voie d'exposition (environ 80%). L'exposition par voie respiratoire existe lors de circonstances particulières d'application (fumigation, utilisation en milieu fermé). L'exposition peut se produire à différents moments : manutention, préparation, application, nettoyage, ré-entrées (tâches effectuées dans des zones traitées), mais les plus exposants sont la préparation des bouillies ou mélanges et les tâches de ré-entrées. En population générale, la voie orale est souvent considérée comme la principale voie d'exposition à travers l'alimentation" (INSERM)

Pesticides et cancers

Depuis la fin des années 80, les cancers sont devenus la première cause de mortalité (13% en 2008, OMS, 02/2012). L'incidence du cancer a augmenté de 63% en 20 ans et la majorité de ces nouveaux cas sont liés à des facteurs environnementaux ((Lichtenstein et al. 2000). Bien que le cancer du poumon soit le premier responsable, les pesticides représenteraient un risque croissant et significatif selon un certain nombre d'études épidémiologiques.

Selon l'INSERM, "L'expertise collective a ciblé 8 localisations de cancer : 4 cancers hématopoïétiques, ainsi que les cancers de la prostate, du testicule, les tumeurs cérébrales et les mélanomes."

Pesticides et maladies neurodégénératives

Selon l'INSERM, "une augmentation du risque de développer une maladie de Parkinson a été observée chez les personnes exposées professionnellement aux pesticides. Un lien a pu être mis en évidence notamment lors d'une exposition aux insecticides et herbicides. L'association avec les fongicides n'a, à ce jour, pas été mise en évidence mais le nombre d'études est nettement moins important."
Pour les autres maladies neurodégénératives, les résultats sont plus contrastés. Par exemple, dans le cas de la maladie d'Alzheimer, les résultats des études de cohortes sont convergents pour révéler un excès de risque quand les études cas-témoins sont peu robustes. Quant à la sclérose latérale amyotrophique, trop peu d'études sont disponibles pour conclure.

Effets des pesticides sur la grossesse et le développement de l'enfant

Selon l'INSERM, "Il existe maintenant de nombreuses études épidémiologiques suggérant un lien entre l'exposition prénatale aux pesticides et le développement de l'enfant, à court et moyen terme. La littérature suggère une augmentation significative du risque de morts foetales (fausses-couches) ainsi qu'une augmentation du risque de malformations congénitales lors d'une exposition professionnelle maternelle aux pesticides. D'autres études pointent une atteinte de la motricité fine et de l'acuité visuelle ou encore de la mémoire récente lors du développement de l'enfant. Enfin, une augmentation significative du risque de leucémie et de tumeurs cérébrales a été mise en évidence dans les méta-analyses récentes."

Effets des pesticides sur la fertilité

Selon l'INSERM, "le lien entre certains pesticides (notamment le dibromochloropropane), qui ne sont plus utilisés, et des atteintes de la fertilité masculine a été clairement établi mais de nombreuses incertitudes subsistent en ce qui concerne les pesticides actuellement employés. Le lien entre pesticides et infertilité chez la femme est mal connu et mériterait d'être mieux étudié."

Or, les pesticides sont des produits chimiques destinés à tuer, il n'est donc pas surprenant qu'ils soient nocifs pour notre santé...

Dose et empoisonnement

La toxicité d'une substance chimique peut être évaluée par la relation dose-réponse. Généralement, la relation dose-réponse est monotone et croissante avec la dose, comme c'est le cas de la toxicité aiguë. Le principe de la monotonie de la relation dose-réponse s'est imposé chez les toxicologues et les écotoxicologues comme un dogme incontournable permettant, entre autre, de valider les études de toxicité. Cependant, à faibles doses, et plus spécialement en exposition chronique, les pesticides peuvent présenter des profils de toxicité inattendus qui remettent en cause le dogmatique principe d'une toxicité qui croît avec l'intensité de l'exposition à un toxique. De fait, selon le principe de Paracelse, c'est bien la dose qui fait le poison, mais pas toujours dans le sens attendu. Ainsi, le fait de diminuer l'exposition n'implique pas forcément une protection des individus à faibles doses.

Les Hommes ne sont pas les seuls touchés et les animaux qui contribuent à l'équilibre des écosystèmes souffrent également de cette pollution.

Pesticides : les risques sur les animaux

abeille© C. Magdelaine / notre-planete.info

De nombreux animaux s'intoxiquent avec les pesticides : éléphants en Inde, moineaux, insectes (abeilles) dont les populations peuvent chuter de 80% après épandage et dauphins en Europe, grenouilles en Amérique du Nord, goélands, poissons...
Par exemple, selon des scientifiques du WWF, l'orque serait dorénavant le prédateur le plus pollué d'arctique, devant l'ours blanc. En effet, les graisses de ces animaux qui se situent au bout de la chaîne alimentaire, cumulent des quantités inquiétantes de pesticides qui transitent par les oiseaux migrateurs et les eaux de surface.

Les oiseaux sont aussi directement touchés par les pesticides : rien qu'aux Etats-Unis, 72 millions d'oiseaux meurent chaque année de l'ingestion de pesticides épandus (United States Fish and Wildlife Service, 01/2011). De plus, un nombre inconnu et probablement supérieur d'oiseaux perdent la vie, intoxiqués par les polluants présents dans les poissons qu'ils mangent. Enfin, une grande partie de ces oiseaux morts laissent des petits qui n'ont aucune chance de survie sans nourriture et protection...

Le comble, c'est que certains chercheurs estiment que sur les 2,5 millions de tonnes de pesticides répandues chaque année dans le monde, seulement 0,3% atteignent effectivement leur cible. Le reste (99,7%) touche toutes les autres espèces vivantes avec des conséquences multiples :

  • affaiblissement des défenses immunitaires
  • baisse de la fertilité
  • modification des comportements
  • malformations
  • raréfaction des sources de nourriture souillées
  • empoisonnement direct

Notons que des insecticides nuisent à l'activité d'organismes essentiels pour la fertilité des sols comme les bactéries, champignons, algues, vers de Terre, insectes...

Pour autant, certaines espèces deviennent de plus en plus résistantes encourageant l'application de produits plus concentrés, plus toxiques et/ou en plus grande quantité...

La fabrication de pesticides à l'origine de catastrophes majeures

Bhopal

A Bhopal, en Inde, l'explosion de l'usine américaine Carbide le 3 décembre 1984 fût à l'origine de 16 000 à 30 000 morts et de 250 000 à 500 000 blessés : convulsions mortelles, poumons brûlés dont les sécrétions étouffèrent les victimes, cécités irréversibles... Comme la catastrophe de Tchernobyl, le bilan reste tellement lourd qu'il est incalculable.
A l'origine : la libération d'un nuage toxique (notamment le fameux gaz moutarde de la 1ère guerre mondiale) suite à l'explosion d'une cuve de 40 t d'isocyanate de méthyle ceci en bordure de la ville d'1 million d'habitants de Bhopal.
Aujourd'hui, des centaines de milliers de personnes vivent infirmes et environ 5 000 familles puisent une eau encore souillée pour vivre.
Union Carbide (UC) s'est volatilisée physiquement et financièrement après l'explosion et n'a jamais pris en charge le nettoyage du site, une situation inacceptable qui mobilise notament Greenpeace : Bhopal, la tragédie continue encore... 1984-2004

Seveso

Le 10 juillet 1976, une importante fuite de dioxine est détectée dans une usine fabricant des herbicides en Italie. Dans les jours qui suivent, des centaines d'animaux meurent et les enfants sont pris de graves nausées avant que les populations soient finalement évacuées.
Cette catastrophe a été nécessaire pour que la Communauté européenne prenne des mesures en identifiant les établissements dangereux comme des établissements "seveso" (raffineries, sites pétrochimiques, dépôts d'explosifs...).

D'autres catastrophes ont suivi et sont à prévoir...

En effet, en 2003 aux Etats-Unis, 32 000 émissions accidentelles de produits chimiques (dont ceux utilisés dans la production de pesticides) ont eu lieu (Worldwatch Institute, 2005). En France, un incendie a ravagé, lundi 27 juin 2005, un entrepôt de pesticides à Béziers contenant 1600 tonnes de pesticides !

Les pesticides une arme pour les terroristes

Selon une analyse du médecin général de l'armée américaine, dans le pire des scénarios, un attentat contre une usine chimique américaine pourrait causer la mort de plus de 2 millions de personnes. La production de pesticides qui s'appuie sur des composants fortement toxiques (c'est le but : tuer) est donc une opportunité pour des groupes terroristes comme en témoigne la tentative vaine à Ashod en Israël en 2004 de kamikazes. Ceux-ci ont en effet commis un attentat-suicide à proximité d'une usine d'emballage d'agrumes qui exploite un pesticide à base de bromure de méthyle. La rupture des réservoirs aurait entraîné la mort de milliers de personnes... (Worldwatch Institute, 2005).

Quelles alternatives aux pesticides ?

Les OGM sont souvent avancés pour pallier l'utilisation massive de pesticides. Cependant, ils proviennent bien souvent des mêmes industries productrices de pesticides qui sont alors doublement gagnantes. En effet, les plantes transgéniques brevetées sont volontairement résistantes aux herbicides dont les ventes explosent. Ainsi, aujourd'hui, près des 3/4 des OGM cultivés sont dotés de gênes de résistance aux herbicides et 28% secrètent un insecticide comme le fameux maïs Bt. Les pays cultivant massivement des OGM en plein champs ont donc logiquement vu leur consommation de pesticides augmenter depuis l'introduction des OGM (cf les USA où la consommation a augmenté de 16% depuis 1996).

En Europe, le V ème programme d'action pour l'environnement de l'UE qui prévoyait dès 1993 une "réduction substantielle" de l'utilisation des pesticides" a avorté et les pollutions ne cessent d'augmenter... Cependant, quelques initiatives nationales donnent de bons résultats comme au Danemark, Pays-Bas, Suède et Norvège dont les volumes de pesticides ont diminué de façon très significative.

L'Agriculture Biologique (AB) et d'autres modes de production similaires sont les seuls agricultures qui fournissent des denrées alimentaires où les résidus de pesticides sont très faibles. D'autres modes de production comme la Production Intégrée réduisent fortement les quantités de pesticides utilisées sans les bannir totalement.
Notons également que dans de nombreux pays où ils sont encore autorisés, les services de la voirie, des espaces verts, des transports en commun emploient massivement des pesticides pour l'entretien. Des efforts simples pourraient être faits en intégrant des méthodes de lutte biologique et en cessant de désherber systématiquement la moindre pousse verte.
Et les jardiniers ne sont pas contraints d'utiliser des pesticides. Soulignons que depuis le 1er janvier 2019, les jardiniers amateurs ne peuvent plus utiliser, acheter ni détenir de produits phytosanitaires sauf ceux de biocontrôle, à faibles risques et autorisés en agriculture biologique (Ecophyto).

Pour éviter une catastrophe sanitaire en cours, il faudrait appliquer aux pesticides les 3 principes fondamentaux apparus en environnement ces dernières années :

  • le principe de précaution
  • le principe de renversement de la charge de la preuve : un produit devrait être mis sur le marché que si l'on est sûr qu'il est inoffensif pour notre santé et non en absence de preuve sur son innocuité
  • le principe de substitution en promouvant systématiquement les solutions les moins dangereuses en agriculture, chimiques ou non.

"Les dangers et les risques des pesticides pour la santé sont sous-évalués. Certaines manifestations d'effets sanitaires potentiellement lourds et à long terme ne peuvent actuellement être recensées et semblent être appelées à se multiplier", c'est le constat de la Mission commune d'information sur les pesticides et leur impact sur la santé (Sénat, 10/2012).


Références

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Questions / réactions (15)


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Kristof KristofIl y a 3 ans

Bonjour,

Il faut aussi ajouter à la liste les bactéricides ! Ces tueurs de bactéries qui agissent indistinctement en éliminant les bonnes et les "mauvaises" bactéries et fragilisent donc encore un peu plus notre environnement tout en fragilisant par la même occasion nos organismes qui ne croisant plus d'"ennemis" ne fonctionnent plus comme il se doit en terme de défense immunitaire naturelle et donc s'affaiblissent face aux éventuelles futures agressions. C'est le comble de cette crise sanitaire organisée, elle amplifie les causes de son irruption dans nos vies ! Incompétence quand tu nous tiens ! Ah moins que la malhonnêteté ait aussi à voir...

Vous savez, ces bactéricides MASSIVEMENT utilisées depuis des mois pour combattre un virus au taux de mortalité ridiculement bas mais qui monopolise des moyens pour le combattre qui ne font qu'amplifier ses effets de par la pollution et le gaspillage qu'ils engendrent et surtout préparer le terrain à d'autres virus bien plus virulents dans un monde encore plus affaibli par la pollution en augmentation exponentielle (et donc la surproduction de produits (jetables) engendrant l'accélération de la destruction de notre environnement à l'origine de tout ce bordel insensé) depuis l'apparition de ce virus grippal et face à des organismes dorénavant incapables de se défendre naturellement puisque les autorités corrompues ont tout fait pour entraver le fonctionnement naturel de la vie et donc l'immunité de masse qui est la seule solution face aux tracas du quotidien.

Sans confinement, sans couvre-feu, sans distanciation, sans masque... tout ceci serait déjà fini ! L'immunité de masse serait atteinte et avec bien moins de victimes en plus (c'est l'OMS qui le dit) ! Et les victimes collatérales de cette gestion autoritaires d'une crise organisée ne sont pas comptabilisées alors qu'elles sont bien plus nombreuses que les victimes du virus lui-même !

Il est temps d'arrêter de se laisser empoisonner... dans tous les sens du terme !

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Chantal BourryIl y a 3 ans

@ Laferriere : Le « stop pesticides » brandi pour la défense de l’environnement, signifie bien sûr moins, beaucoup moins de pesticides, c’est loin d’être « incongru », bien au contraire !

Vous faites le parallèle entre pesticides et médicaments. De même qu’une bonne santé ne requiert aucune prise de médicament, il convient d’agir pour avoir le moins possible besoin de recourir aux pesticides, cela pour préserver l’environnement, les sols, l’eau, la biodiversité, notre santé.

Vous prenez l’exemple très particulier de la bouillie bordelaise. Le cuivre est en effet LA substance controversée du bio. Il faut reconnaître que les quantités de cuivre autorisées sont aujourd’hui minimes en comparaison de celles qui étaient utilisées. Il convient de relativiser les achats de cet élément : 1300 tonnes en France en 2019 (dernière année connue) sur 32 000 tonnes d’achats de substances soumises à la redevance pour pollutions diffuses, soit 4%. Il reste important de réduire autant que possible les quantités de cuivre, l’agriculture biologique s’y applique.

Comment définissez-vous le rapport « bénéfices / nuisances » que vous évoquez ? Ce qui est à première vue bénéfique pour un exploitant peut s’avérer nuisible après examen des externalités, difficiles à cerner, à chiffrer, et généralement largement sous-estimées.


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LehcimIl y a 3 ans
@ Laferriere :

Question annexe (qui peut y répondre ?): depuis quelques années, l'industrie chimique nous vante les mérites du bicarbonate de sodium (NaHCO3) pour "éliminer en profondeur les produits de traitement qu'un simple rinçage à l'eau n'élimine pas" -je cite ce qui est imprimé sur une boite d'une marque dont le nom se termine par "BOS" et commence par "CER"

S'il y a une part de vérité dans cette citation, quelle est la réaction chimique entre le bicarbonate et les pesticides qu'on retrouve sur nos fruits et légumes et qui permettrait de les "éliminer"?

Et s'il n'y a rien de vrai, que fait la DGCCRF ?
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LaferriereIl y a 3 ans
@ Usher_thierry@yahoo.fr : Militer contre les produits phytosanitaires, c'est aussi incongru que de militer contre les médicaments. Par contre il faut lutter contre les produits phytosanitaires dont le rapport bénéfice/nuisance est négatif (comme pour les médicaments).
Un exemple : La bouillie bordelaise. C'est un produit phytosanitaire très toxique qui stérilise les sols. Mais il est autorisé même en Agriculture Biologique car il n'y a pas d'autre alternative moins toxique actuellement. Si on l'interdit, c'est de nombreux végétaux qui ne peuvent plus être cultivés : vigne et nombreux arbres fruitiers. Il faudrait alors accepter de ne plus avoir de vins, de pommes, de poires, etc.
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LaferriereIl y a 3 ans
@ O : "Quelles sont les alternatives à l'utilisation des pesticides ?"
C'est effectivement la bonne question. Les agriculteurs ne les utilisent pas par plaisir ou sadisme, mais parce qu'ils augmentent leur production (et donc la satisfaction des consommateurs) et leur revenu. Pendant plus de 50 ans, on (chercheurs, enseignants agricoles, conseillers des Chambres d'agriculture et instituts techniques, conseillers des coopératives, etc.)les a même formés et encouragés pour en utiliser beaucoup.
Comme pour les médicaments, on estime le rapport bénéfices/inconvénients d'un pesticide. Si on l'estime favorable, il est autorisé. Pendant longtemps on a sous-estimé leurs inconvénients, ce qui explique qu'on retire beaucoup du marché des pesticides autrefois autorisés.
Pour la grande majorité des pesticides, il existe aujourd'hui des alternatives : Plantes génétiquement résistantes, techniques de culture alternatives (par exemple semis d'une plante repoussant les parasites en même temps que le semis de la culture...),développement des parasites ou prédateurs des nuisibles, etc. Donc, les agriculteurs français peuvent, et doivent, diminuer très fortement leur utilisation de ces pesticides, et notamment supprimer les plus dangereux.
Mais il reste certaines impasses, notamment contre certaines maladies cryptogamiques (champignons) ou certains virus. C'est pourquoi certains "pesticides" sont autorisés même en Agriculture Biologique (comme la très contestée "bouillie bordelaise").
Le 100 % sans pesticide obligerait les agriculteurs français à abandonner certaines cultures (dont notre fleuron : nos vignobles). Les consommateurs français sont-ils prêts à supprimer de leur alimentation de nombreux fruits (comme les pommes et les poires actuellement sur les marchés) ? Ou continueraient-ils à les consommer en acceptant d'intoxiquer les habitants des pays moins regardant sur l'utilisation de ces pesticides ? Malheureusement, ce qui s'est passé dans le textile le siècle dernier n'est pas encourageant: Les conditions de travail dans les entreprises textiles en France se sont très nettement améliorées, mais les Français achètent essentiellement des produits importés, souvent fabriqués dans des conditions inhumaines -voire assassines-, et destructrices de l'environnement.
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