HTML Document Besoins essentiels en matière d'adaptation

Les changements climatiques ont engendré des besoins en matière d’adaptation dans les différents secteurs vulnérables. C’est ainsi que des stratégies de réponse ont été apportées par les populations touchées. D’autres doivent encore être envisagées pour le futur.

Pratiques passées et actuelles en matière d’adaptation aux changements climatiques

Des pratiques d’adaptation aux effets néfastes de variations climatiques ont toujours existé dans l’histoire du Burundi. Face aux famines, les populations se déplacent vers les régions moins touchées par les événements extrêmes (sécheresse, invasion des criquets, etc.) où elles peuvent trouver un léger mieux alimentaire. Dans ces régions, les personnes déplacées offrent leurs services sous forme de main d’oeuvre et reçoivent en contre valeur des denrées alimentaires. Une fois la situation redevenue normale, elles retournent chez elles.

Une forme traditionnelle d’adaptation des agriculteurs burundais réside dans la façon qu’ils ont pu adapter la succession des cultures aux saisons culturales et plus particulièrement face aux attaques par les maladies et ravageurs des plantes. Les cultures les plus sensibles aux maladies fongiques sont cultivées pendant les saisons à faible pluviosité, voire même les saisons sèches, alors que les cultures résistantes aux maladies et ravageurs sont cultivées pendant les saisons très pluvieuses.

Certaines régions comme le Kirimiro, les agriculteurs ont déjà adapté leur calendrier agricole au rythme des saisons : les cultures à long cycle végétatif sont plantées au début des pluies pour être récoltées à la fin des pluies. Les cultures à cycle court sont plantées vers les mois de février et mars pour également être récoltées à la fin des pluies. Il y a bien sûr des pertes énormes quant à la production annuelle totale, mais ces pertes sont préférées à celles qui proviendraient des pourritures des récoltes. Ces pratiques sont surtout réalisées par des agriculteurs qui ont de grandes exploitations agricoles.

Toutefois, certains agriculteurs cultivent des cultures qui font relais à la culture de haricot, telles que le niébé, le pois cajan et l’arachide surtout dans les régions du Mosso et de l’Imbo pour compléter les sources de protéines des légumineuses dont la production est en perpétuelle diminution. De même, des cultures de soja, de tournesol et des cultures maraîchères prennent de plus en plus de l’importance.

Les Burundais ont adopté un système de conservation des ressources génétiques. C’est la conservation sous forme d’épis ou des graines sèches pour la constitution des semences dans les greniers. Cette conservation se fait aussi par repiquage répétitif ou par bouturage pour certaines plantes résistantes à la sécheresse.

Dans le secteur de l’élevage, pendant les crises de sécheresse, les éleveurs préfèrent déplacer leurs troupeaux le long des cours d’eau où ils peuvent trouver un petit léger mieux, ou carrément se réfugient dans d’autres régions à l’intérieur comme à l’extérieur où les pâturages naturels existent. Dans de telles crises de sécheresse, des éleveurs trouvent également la solution de vendre sur pied ou par abattage de leurs animaux même à un prix dérisoire. Ils préfèrent ainsi se procurer du petit bétail comme les ovins et les caprins, moins frappés par les périodes de sécheresse, parce qu’ils sont en mesure de diversifier leurs sources d’alimentation (pâturages herbacés et aérien, etc.).

Depuis les temps les plus reculés, les Burundais ont adopté des méthodes traditionnelles de conservation des écosystèmes forestiers naturels. Il s’agit d’une coutume burundaise qui consistait à respecter d’une manière quasi religieuse certains écosystèmes et/ou éléments de la biodiversité aussi bien animale que végétale. Dans la tradition burundaise, il était notamment strictement interdit de couper la forêt de la Kibira. Cette forêt de haute altitude était considérée comme « Symbole d’Alliance entre le Ciel et la Terre ». Seul le Roi pouvait y faire des activités de chasse. La conservation traditionnelle concernait également certains bosquets considérés sacrés. Il s’agissait de fragments de forêts interdits à l’exploitation et portant le nom de «Intatemwa» littéralement «ce qu’il ne faut pas couper» ou « Ikidasha » littéralement « ce qu’il ne faut pas brûler».

La protection des forêts par ces coupes feux fait partie des méthodes introduites depuis longtemps par l’administration coloniale. A l’état actuel, cet aspect de conservation tend à disparaître à cause des besoins de plus en plus pressants de la population. En matière de foresterie, les Burundais savent, de manière traditionnelle, conserver certaines essences autochtones par leur incorporation dans les champs pour leur rôle agroforestier comme Erythrina abyssinica, Ficus div. sp., Cordia africana, Albizia gummifera. Plusieurs arbres dont la culture était maîtrisée ont été longtemps utilisés dans la plantation des bois sacrés. Il s’agissait des arbres liés à la pratique de «Kubandwa» (cérémonie de prière de dieu par l’intermédiaire de Kiranga). Trois arbres à savoir Erythrina abyssinica, Ficus div. sp. et Chenopodium ugandae) constituent l’essentiel du bois sacré dit «Igitabo». Plusieurs sites de ce genre sont encore observables dans le pays.

En matière d’énergie, des expériences intéressantes ont été entreprises dans le domaine de l’exploitation des énergies nouvelles et renouvelables au Burundi. C’est notamment le cas de l’énergie solaire dont les équipements photovoltaïques installés totalisent près de 75 KW. Ces équipements servent notamment pour l’éclairage, l’alimentation des appareils de télécommunication, la réfrigération, le pompage de l’eau. Des installations à biogaz ont été également faites dans plusieurs localités du pays pour l’éclairage des maisons de même que quelques éoliennes pour le pompage de l’eau.

Solutions pertinentes en matière d’adaptation

Des options ont été identifiée pour l’adaptation aux périodes de déficit pluviométrique avec la sécheresse qui s’en suit,  aux périodes de précipitations au dessus de la normale. Ainsi, 14 options prioritaires sont les suivantes:

1. Renforcer la gestion des aires protégées existantes et ériger en aires protégées les écosystèmes naturels identifiés comme menacés et vulnérables;
2. Préserver les boisements existants et reboiser les zones dénudées;
3. Mettre en place des dispositifs pour le contrôle de l'érosion dans les régions sensibles;
4. Contrôler la dynamique fluviale des cours d’eau et des torrents dans les Mumirwa, y compris la ville de Bujumbura;
5. Vulgariser les cultures vivrières à cycle court et celles résistant à la sécheresse;
6. Vulgariser les techniques de collecte des eaux de pluie pour des usages agricoles ou ménagers;
7. Identifier et vulgariser les techniques améliorées d'utilisation du bois et des énergies nouvelles renouvelables;
8. Multiplier les microcentrales hydroélectriques;
9. Etablir et protéger les tampons stratégiques dans la plaine inondable du lac Tanganyika et autour des lacs du Bugesera;
10. Identifier et vulgariser l'élevage d'espèces adaptées aux conditions locales du climat;
11. Vulgariser les techniques d'élevage en stabulation permanente;
12. Identifier et vulgariser des essences forestières résistantes à la sécheresse;
13. Former et informer les décideurs et les autres intervenants, y compris les communautés locales sur les méthodes d'adaptation à la variabilité climatique;
14. Améliorer les prévisions climatiques saisonnières pour l’alerte rapide.


Release date 22/03/2012
Contributor Janvier Murengerantwari
Geographical coverage Burundi,
Keywords adaptation,burundi,