Anthropisation frein à une dynamique progressive des habitats des Aires Protégées du Burundi
I. Contexte
Les Aires Protégées (AP) sont des outils de conservation qui sont au cœur de la stratégie mondiale de conservation de la biodiversité (Article 8 de la convention sur la conservation de la biodiversité) (Nations unies, 1992). Actuellement, le Burundi compte 15 AP réparties dans 4 catégories: 3 Parcs Nationaux, 5 Réserves Naturelles, 2 Monuments Naturels et 5 Paysages Protégés (SNPAB 2013-2020) (Figure 1).
![]() |
![]() |
Figure 1. Carte des Aires Protégées du Burundi
Cependant, divers facteurs anthropiques sont à l’origine de la dégradation, la réduction et la modification de ces Aires Protégées telles que le défrichement cultural et autres méthodes culturales inadaptées, la déforestation pour plusieurs usages du bois, le drainage non contrôlé, le surpâturage, les feux de brousse, l’introduction des espèces étrangères. De cette dégradation, il en résulte une disparition progressive d’une grande partie de la biodiversité en général et des formations forestières naturelles originelles, en particulier.
Lors de l’établissement des sentiers écologiques pour le suivi de la dynamique des habitats dans les Parcs Nationaux de la Kibira, Ruvubu et Rusizi, différentes actions anthropiques ont été enregistrées. Ces dernières ont des conséquences néfastes sur la dynamique des écosystèmes de ces Aires protégées.
II. Actions anthropiques enregistrées sur les sentiers écologiques pour le suivi de la dynamique des habitats des Aires Protégées du Burundi
II.1. Au Parc National de la Kibira
Les observations faites lors de l’établissement des sentiers écologiques au Parc National de la Kibira révèlent une multitude d’actions anthropiques qui nuisent à la préservation de la biodiversité de ce parc. Il s’agit notamment de la coupe du bois pour le sciage et du bois de chauffe, de la coupe de bambou, le prélèvement du fourrage et des plantes comestibles dont basella alba.
Ces différentes actions anthropiques, essentiellement la coupe de bois, permettent l’ouverture des écosystèmes forestiers favorisant ainsi la disparition progressive des espèces adaptées à l’ombrage en faveur des espèces héliophiles. Cela conduit à la modification des habitats en des habitats moins évolués donc à vocation arbustive voire même herbeuse.
![]() |
![]() |
![]() |
Prélèvement du bois de chauffe | Coupe du bois de sciage | Prélèvement de Basella alba |
II.2. Au Parc National de la Ruvubu
Au Parc National de la Ruvubu (PNR), différentes activités anthropiques ont été observées à travers le sentier écologique établis pour le suivi de la dynamique de ses habitats. Les feux de brousses constituent la principale menace pour l’évolution positive des habitats de ce parc. A côté de ces feux, la coupe de bois et d’herbe, le piégeage, le pacage du bétail, etc. constituent d’autres activités humaines nuisant à la progression des habitats du PNR.
Les feux de brousses, surtout tardifs (qui surviennent vers la fin du mois de juillet à Octobre), sont en grande partie responsables d’une dynamique régressive des habitats du PNR. En effet, ces feux ont effets extrêmement néfastes sur la végétation des habitats du PNR. Suite à leur grande intensité, les composantes tant ligneuses qu’herbeuses sont menacées.
![]() |
Ils consument toute la masse graminéenne et les ligneux de petite taille favorisant ainsi l’érosion. Ces feux gênent la croissance des composants ligneux et entrainent leur mort en les brûlant totalement jusqu'au feuillage ou en chauffant suffisamment la base des troncs.
|
![]() |
Feu de brousse au niveau de l'habitat du PNR | Habitat du PNR dessimé par le feu de brousse |
En plus, ces feux consument toute la litière volatilisant ainsi toute la matière organique et les éléments minéraux ce qui favorise en conséquence à une pauvreté des sols des habitats du PNR.
![]() |
La coupe de bois et d’herbe, le piégeage, le pacage du bétail, etc. accentuent les dégâts causés les feux de brousse principalement l’érosion, l’ouverture, la modification et la réduction des habitats. | ![]() |
Coupe de bois enregistrée au sein du PNR | Pacage du bétail |
II.3. Au Parc National de la Rusizi
Au niveau des 3 sentiers écologiques établis au Parc National de la Rusizi, différentes actions anthropiques perpétrées par la population riveraine contribuant à la dégradation des habitas ont été enregistrées.
Les principales activités humaines enregistrées sont notamment les défrichements à des fins agricoles, le piétinement et le broutage par les vaches, les feux de brousse, le surpâturage, le prélèvement de bois de chauffe, la coupe des hyphaènes, le prélèvement des espèces telles que Phragmites mauritianus pour multiples usages, Cyperus laevigatus et de Typha domingensis, l’extraction de terres salines (Icuhiro) pour l’alimentation des bovins et d’Intigita pour l’alimentation humaine, etc.
![]() |
![]() |
![]() |
Coupe de Phragmites mauritianus |
Prélèvement du bois de chauffage |
Prélèvement des terres salines |
Release date | 01/05/2017 |
---|---|
Contributor | Didier Mbarushimana |
Geographical coverage | Burundi, |
Keywords | Actions anthropiques, habitats, Aires Protégées du Burundi, Parcs nationaux, Ruvubu, Kibira, Rusizi, |