Le présent rapport porte sur l'analyse de l'ensemble du secteur de la pêche (le lac Tanganyika et les lacs du Nord) et de la pisciculture. Il a été réalisé dans le cadre des consultations sectorielles en développement rural.
Lors de la Table Ronde des aides extérieures organisée par le Gouvernement du Burundi en février 1984, les participants ont souligné l'importance des activités de suivi afin d'approfondir le processus de consultation. Le Gouvernement a ainsi décidé à tenir des mini-tables rondes dans certains secteurs prioritaires, dont le développement rural, et a demandé l'assistance du PNUD dans l'organisation de ces consultations.
Ces consultations visent d'abord à mobiliser les ressources supplémentaires destinées à financer les programmes du Gouvernement et deuxièmement à contribuer à une meilleure coordination des apports des aides extérieures dans le cadre d'un programme cohérent de développement sectoriel.
Il a été convenu de procéder par sous-secteur et par étapes comme suit:
Etude sectorielle: une étude approfondie sur chacun des sous-secteurs choisis doit servir de base aux discussions entre le Gouvernement et les bailleurs de fonds, et permettre de définir les besoins et les priorités en ce qui concerne les interventions nécessaires.
Programmation: sur base de l'analyse sectorielle, définir un programme de développement et identifier les projets susceptibles d'être financés par les aides extérieures.
Ce rapport comprend trois volumes:
L'étude a été réalisée par Messieurs CORSI, DUNN et FELLICIONI (Consultants de la FAO) suite aux missions effectuées en décembre 1985 et juillet 1986.
La pêche est une activité importante pour le Burundi aussi bien sur le plan économique que sur le plan social: on estime que 1% de la population vit des revenus directs ou indirects de la pêche; le poisson représente un apport considérable de protéines animales (34% du total des protéines animales consommées), son prix étant généralement inférieur aux autres sources de protéines animales.
Les eaux intérieures sont constituées principalement par le Lac Tanganyika au sud-ouest (2.280 km2 au Burundi) et par Cohoha et Rweru au nord-est (140 km2 au Burundi). Au total la superficie des eaux au Burundi est de 2.500 km2.
La production de poisson du Burundi provient presque entièrement des pêcheries du lac Tanganyika, dont les principales ressources se trouvent dans la zone pélagique.
Le potentiel piscicole moyen a été évalué à quelque 300.000 tonnes pour la totalité du lac. Le montant des captures étant environ de 80.000 tonnes pour l'ensemble des pays riverains, on peut affirmer que le potentiel du lac dans son ensemble est sous-exploité. Le potentiel dans la partie burundaise a été évalué à 20.000 tonnes. Ce chiffre est cependant une moyenne technique, les stocks montrant de fortes variations naturelles en composition et abondance qui rendent très difficile la planification de la pêche.
En 1984 le niveau estimé de la production au Burundi étant 12.000 tonnes, on devrait conclure que le potentiel de cette partie du lac est également sous-exploité. Cependant, il faut considérer les éléments suivants qui pourraient s'opposer à cette conclusion:
malgré l'augmentation du nombre de catamarans et l'augmentation de l'effort de pêche des bâteaux industriels, le niveau de la production a légèrement baissé;
l'effort de pêche est surtout concentré sur les stocks de Ndagala, dont le niveau d'exploitation pourrait avoir atteint le seuil du maximum supportable (ou les stocks existant à présent).
Par conséquent, on estime qu'une politique de développement de la production pourrait être envisagée à deux conditions seulement, à savoir:
adoption d'une politique commune pour la libre exploitation du lac de la part des pays riverains, ou bien le paiement de permis de pêche pour les bâteaux industriels exploitant les eaux extra-territoriales;
diversifier l'exploitation des stocks, en améliorant le niveau technique de la pêche artisanale, afin de permettre aux pêcheurs de capturer les voraces (Mukeke, Lates) aussi bien que les Ndagala; en outre, on pourrait envisager l'introduction de nouvelles techniques pour exploiter les stocks des espèces qui sont peu pêchées actuellement.
En attendant la réalisation de ces conditions, il faut adopter une politique pruderte dans l'exploitation du lac, en limitant les permis de pêche. En même temps, un programme d'études hydrobiologiques sur l'évolution continue des stocks de poissons du lac s'avère indispensable afin de mieux connaître les conditions d'une exploitation optimale du potentiel.
Le nombre de pècheurs est de 6.000 environ. Les seuls pêcheurs à plein temps sont ceux de la pêche industrielle, tandis que les autres doivent être considérés comme des agriculteurs-pêcheurs. En pratique, les agriculteurs-pêcheurs peuvent choisir de s'adonner à l'activité la plus rentable pendant une période déterminée.
Par conséquent, ils bénéficient d'une grande flexibilité qui leur permet de maximiser leurs revenus. Le revenu net d'une unité artisanale est d'environ 570.000. FBu/an, soit US$ 1,000/pêcheur/an. Cependant, on remarque que la plupart des pêcheurs travaillent pour un armateur; dans ce cas, leur niveau de revenus est d'environ US$ 500/an.
Au Burundi, la pêche se pratique à 3 niveaux différents, à savoir:
la pêche industrielle (bâteaux-senneurs de 16 m, senne tournante, coulissante) au nombre de 20 unités;
la pêche artisanale (2 pirogues couplées, carrelet) dont le nombre actuel serait de l'ordre de 1.000 unités;
la pêche coutumière (pirogue, épuisette, filet maillant, lignes) en forte régression car évoluant vers la pêche artisanale, au nombre de 40 pirogues.
Les captures concernent deux espèces économiques principales: les Stolothrissa (planctonophages) et les Luciolates (voraces); en 1983, les voraces ont représenté 45% des captures de la pêche industrielle; ceci indique un changement d'équilibre dans les stocks qui pourrait étre le résultat d'un effort de pêche très intense sur les stocks de Stolothrissa.
Il ne semble pas y avoir de problèmes spécifiques relatifs à la technologie de la pêche industrielle; la construction d'un port de pêche équipé des infrastructures nécessaires pourrait faciliter les opérations de cette pêcherie.
Par contre, le niveau technologique de la pêche artisanale reste inadéquat et pourrait être amélioré par un système d'encadrement qui, actuellement, fait défaut.
Les principales contraintes de la pêche artisanale et coutumière sont la pénurie d'équipements sur les marchés locaux et leur coût très élevé par rapport à la qualité ainsi que la grande disparité existant entre les matériels, équipements et engins utilisés.
En ce qui concerne le niveau de production, il est difficile d'avancer des chiffres car les statistiques sont devenues tout à fait incomplètes. L'opinion de la mission est que pendant les deus dernières années la production annuelle moyenne est restée, grosso modo, stable autour de 12.000 tonnes, dont, en 1984, 5.250 tonnes pêchées par les bâteaux industriels et 6.500 t capturées par les embarcations artisanales.
Le système de conservation du poisson par la réfrigération et la congélation est limité à une chambre froide en panne au marché central de Bujumbura qui devrait être complétée par une machine à glace et une unité de congélation ayant une capacité de stockage de 3 tonnes.
Le séchage sur des claies surélevées reste le système de traitement le plus utilisé. Les claies surélevées sont assez efficaces pour les Stolothrissa et leur diffusion serait nécessaire pour améliorer la qualité du poisson traité et pour équilibrer les prix.
L'ensemble des cinq lacs du Nord a une superficie totale de 19.390 ha dont 15.465 ha au Burundi. Le potentiel piscicole de ces lacs a été estimé par la mission à 700 Tonnes/an.
Malgré ses dimensions remarquables (6.125 ha au Burundi) il est possible que le potentiel du lac Cohoha soit limité à cause du nombre assez réduit des plages (qui sont les lieux de frai des Tilapia), des faibles quantités de phytoplancton et zooplancton. du manque de vase dans le fond, et de la pêche à la senne pratiquée sur les plages. Cette impression de la mission paraît confirmée par l'existence d'un nombre limité de pêcheurs et par le niveau réduit de leurs captures (0,8 kg/jour).
Les eaux de ce lac sont probablement sous-exploitées; cependant, il est possible que la densité du poisson ne permette pas un effort de pêche intense qui soit rentable. Par conséquent, il faudrait effectuer une étude hydrobiologique pour identifier le potentiel exploitable du lac, avant de lancer des programmes d'exploitation intense.
Le nombre de pêcheurs est d'environ 50 personnes au Burundi dont 27 membres de deux coopératives. Il s'agit d'agriculteurs-pêcheurs qui utilisent deux engins de pêche seulement, à savoir les sennes de plage et filets maillants. La contrainte principale des pêcheurs demeure le vol d'équipements.
Le niveau de production est d'environ 50 t/an, dont la plupart est vendue au marché de Kirundo.
Le potentiel du lac Rweru devrait être relativement élevé car ses eaux sont riches en phytoplancton, les fonds vaseux, etc. Le nombre de pêcheurs est d'environ 300, dont 150 au Burundi. Il s'agit de pêcheurs qui pratiquent également l'agriculture Vingt-six pêcheurs sont membres de deux coopératives.
Les engins de pêche utilisés sont les mêmes que sur le lac Cohoha. Les vols d'équipements représentent le problème principal des pêcheurs.
Le niveau de la production est estimé entre 300 et 400 t/an, dont la plupart est vendue au Rwanda.
La mission pense qu'il existe un certain équilibre entre l'éco-système et les activités de pêche. Par conséquent, on estime que la seule forme d'aide utile pourrait être représentée par un soutien à la commercialisation qui est déjà prévu dans le cadre d'un projet du FED.
En 1984. la production nationale disponible était évaluée à 12.240 tonnes et les importations à 10 tonnes. La population était alors de 4.500.000 habitants et la consommation per caput de 2,7 kg/an, soit un déficit de 19,3 kg par rapport au seuil de carence.
La distribution du poisson dans le pays est très déséquilibrée, une partie de la production nationale est consommée dans les villes proches des centres de pêche, mais la plupart du poisson commercialisé est consommée à Bujumbura et dans les villes voisines.
Il y a par conséquent de vastes zones du pays qui ne consomment pratiquement pas de poisson. Cette situation dépend en partie du règlement qui impose la livraison de toute la production industrielle à Bujumbura. La libéralisation de la commercialisation du poisson pourrait réduire ce déséquilibre. Le prix de détail moyen du poisson sur le marché de Bujumbura est d'environ 250 FBu/kg, ce qui fait du poisson la source de protéines animales la moins chère du pays.
Au Burundi, l'autosuffisance alimentaire reste la priorité absolue du Gouvernement. Cependant, on remarque qu'en pratique la pêche et la pisciculture n'occupent pas la place qui leur reviendrait dans la politique économique du Gouvernement. Le plan quinquennal se limite à fixer les objectifs de production du sous-secteur sans essayer de tracer les orientations techniques nécessaires pour les atteindre. L'absence d'une politique gouvernementale clairement définie quant à l'appui qu'elle entend accorder à la pêche reste la contrainte principale pesant sur le secteur de production.
Par contre, la situation actuelle des pêches sur le lac Tanganyika demande une présence active et efficace du Gouvernement.
L'exploitation des eaux territoriales du Burundi étant probablement proche du maximum soutenable, il faut nécessairement négocier des accords de pêche avec les pays voisins pour augmenter la production des bâteaux industriels. Dans ce cas, la structure des pêches du Burundi devra être modifiée en profondeur.
Le rôle du Gouvernement devrait être le suivant:
obtenir l'octroi des permis de pêche de longue durée pour les bâteaux industriels;
promouvoir les études techniques et économiques nécessaires à une éventuelle reconversion des unités de la pêche industrielle en bâteaux à plus long rayon d'action;
donner des garanties aux armateurs surtout sur le plan financier;
allégements fiscaux à court terme en faveur de la pêche industrielle et artisanale;
octroi des licences et devises en quantité suffisante pour assurer un système régulier d'approvisionnement en équipement de pêche;
création d'un système d'encadrement technique des pêcheurs artisanaux dans le cadre d'un renforcement de la Sous-Direction des Pêches.
La Sous-Direction relève de la compétence du Département des Eaux et Forêts; en dehors du personnel affecté à Bujumbura, aucun personnel d'encadrement ne se trouve sur le terrain, hormis 8 observateurs chargés de la collecte de statistiques en pêche artisanale qui ne sont pratiquement pas contrôlés ni suivis par la Sous-Direction. Elle se trouve dans une situation extrêmement difficile pour remplir ses fonctions institutionnelles pour les raisons ci-après:
la formation du personnel dans le domaine de la pêche continentale est tout à fait négligée;
la sous-direction est complètement dépourvue des moyens logistiques nécessaires pour accomplir son travail.
Créée en 1973, la SUPOBU couvre tous les aspects du développement des pêches, de la production à la distribution.
A présent, les activités de cette société sont limitées à cause de la crise financière de la SUPOBU, qui doit être considérée comme en veilleuse. L'opinion de la mission est que la SUPOBU devrait disparaître.
De toute façon, on souhaite qu'une décision sur l'avenir de cette société soit prise rapidement, car on estime que la situation actuelle, qui freine toute initiative dans le sous-secteur, est une forte contrainte pour le développement de la pêche.
Le Burundi offre des possibilités excellentes pour le développement d'une exploitation piscicole familiale, coopérative et communautaire, de petites proportions, dans l'intérieur du pays et au niveau de certains sites du lac Tanganyika.
La dense population rurale du Burundi est tributaire principalement d'une production agricole provenant de récoltes variées produites en petites quantités. Les niveaux actuels de consommation de protéines animales sont insuffisants et le poisson produit par les pêcheries du lac n'est pas toujours disponible pour une grande partie de la population.
En intégrant la pisciculture de petites proportions dans le système agricole traditionnel, on pourrait remédier à la pénurie de protéines animales.
Lorsqu'on considère le manque d'aliments d'élevage de toutes sortes (et la concurrence pour l'approvisionnement disponible, avec les autres formes d'élevage d'animaux), il serait préférable de faire usage du compost, (dans le cadre d'un système de production ne requièrant que peu d'intrants). L'idée d'utiliser du compost se pratique déjà en agriculture.
Les températures basses, plus particulièrement en haute altitude, et l'acidité de l'eau, sont des facteurs de réduction des niveaux de production (comparé à d'autres régions tropicales), mais ils ne posent pas de contraintes considérables.
Depuis les deux dernières années, l'Administration provinciale a renouvelé l'intérêt pour la pisciculture, en encourageant les constructions d'étangs aux niveaux familial, coopératif et communautaires. Les résultats sont prometteurs car ils prouvent que le paysan montre un intérêt considérable pour la pisciculture; c'est à n'en pas douter, la conséquence de démarches intermittentes de la part des autorités durant ces 30 dernières années. Toutefois ces efforts de développements n'ont pas été réalisés à l'intérieur d'un programme d'ensemble à long terme.
La plupart de ces démarches sont prématurées, car les étangs sont mal conçus et mal construits, et peu de services auxiliaires sont à la portée des éleveurs futurs, y compris l'approvisionnement en alevins et en reproducteurs. On devra rapidement remédier à la situation avec urgence, si l'on ne veut pas que le Burundi subisse de nouveau un échec dans le développement de ses ressources piscicoles.
Le Département des Eaux et Foréts, par l'intermédiaire de ses Services des pêches et de la pisciculture, ne possède pas sur le terrain de spécialiste en pisciculture possédant des années d'expérience. Il y a une bonne participation du personnel existant, dans le Programme de pisciculture du Corps de la Paix Américain, commencé récemment, et dans les activités du CECI dans la province de Ruyigl; cependant, mis à part l'aménagement non-planifié, gui découle des efforts communs des administrations provinciales et communales, pratiquement toutes les activités de développement piscicole au Burundi se résument aux efforts de ces deux organisations. Un seul étang de l'ensemble d'étangs abandonné à Karuzi, est en train d'être aménagé par une NGO italienne.
Compte tenu des conditions actuelles, certaines mesures prioritaires devraient être prises. Ces mesures peuvent être résumées de la façon suivante :
Adopter une politique commune pour la libre exploitation du lac de la part des pays riverains ou bien obtenir des permis de pêche permettant aux bateaux industriels de travailler aussi dans les eaux territoriales voisines ;
Dans ce cas, promouvoir les études de pré-investissement nécessaires pour la reconversion des bateaux industriels en donnant des garanties financières aux armateurs et en créant les infrastructures nécessaires ;
Elaborer un plan général de développement des pêches devant être inséré dans le Plan Quinquennal de Développement 1987–1992 ;
Renforcer la Sous-direction des pêches par la création d'une cellule de conception, exécution et suivi du développement de la pêche ;
Renforcer la capacité d'intervention de la Sous-direction des pêches en lui fournissant les moyens nécessaires pour accomplir ses täches institutionnelles ;
Prendre une décision rapide sur l'avenir de la SUPOBU ;
L'opinion de la mission est que la SUPOBU devrait disparaître, car la commercialisation du poisson et son traitement ne devraient pas ètre menés par une société étatique qui manque de la flexibilité nécessaire pour un produit aussi spécifique que le poisson ;
De plus, la SUPOBU fait double emploi avec la Sous-direction des pêches avec comme résultat le chevauchement improductif des responsabilités des deux organismes.
Libéraliser le marché du poisson ;
Octroyer les licences et devises nécessaires aux importations des équipements des pêches.
A. Recommandations générales
Effectuer un programme régional d'études hydrobiologiques sur le lac pour déterminer la situation actuelle des stocks en particulier dans les eaux du Burundi ;
Interdire formellement la pêche artisanale et industrielle à moins de 5 km du rivage ;
Créer un Comité National des Pêches intégrant les représentants de la Sous-direction, des pécheurs et des opérateurs économiques du secteur, afin de débattre et coordonner les actions de développement et d'aménagement. Ce comité serait le premier pas à franchir pour réaliser un développement intégré du secteur des pêches ;
Contróler le nombre des permis de pêche pour réaliser une situation d'équilibre entre le nombre d'unités et le potentiel exploitable ;
B. Recommandations concernant la pêche industrielle
Aménager un port de pêche avec les infrastructures nécessaires
La réalisation de cette recommandation est strictement liée à la création d'une flottille de bateaux à long rayon d'action pour exploiter les eaux des pays limitrophes.
C. Recommandations concernant la pêche artisanale
Diversifier l'exploitation des stocks en améliorant les techniques actuellement utilisées par la pêche artisanale et introduire éventuellement des nouvelles techniques pour exploiter les stocks peu pêchés actuellement ;
Créer un système d'encadrement des pêcheurs pour améliorer leur niveau technique ;
Relancer le système de récolte des données statistiques sur les plages et au marché central de Bujumbura ;
Diffuser le système de séchage sur claies surélevées afin de promouvoir l'approvisionnement en Ndagala séché dans les zones du pays les plus éloignées des centres de production et, en même temps, d'équilibrer les prix du màrché.
D. Divers
Compléter les installations du froid existantes au marché central par une machine à glace en paillette et un petit dépôt isotherme.
Effectuer une étude hydrobiologique sur le lac Cohoha pour déterminer le potentiel exploitable.
Un Service de Pisciculture devrait être créé, soit en association avec le Service d'Agronomie, soit avec le Service d'Elevage du Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage.
Une assistance technique devrait être mise à la disposition d'un “Service de la pisciculture”, pour aider dans la préparation et l'exécution d'un programme planifié d'aménagement piscicole à long terme, à travers le pays.
Cinq bourses d'études devraient être offertes au personnel du Service piscicole proposé pour que le service dispose d'un encadrement de fonctionnaires qualifiés.
Des cours de formation pour les fonctionnaires agricoles, et l'intégration générale de la pisciculture dans les programmes scolaires devraient être activement encouragés.
Cinq petits “Centres d'alevinage” devraient être mis en place, en utilisant une technologie simple. Ces centres fonctionneront à la fois en tant qu'unités de production des alevins et en tant que centres pour la vulgarisation et la démonstration. L'assistance technique, au niveau de cadres associés, devrait être mise à la disposition de ces centres.
L'ensemble des étangs d'élevage piscicole à Karuzi devrait être reconverti en Centre National de Pisciculture, qui apporterait les facilités nécessaires aux réserves de géniteurs, à la recherche pratiques et aux étangs d'expérimentation et de démonstration. Il fournirait un local pour la formation de l'ITAB, et pour la production contrôlée de fermiers locaux ou coopératives associés au Centre. Un consultant devrait être affecté à la préparation de ce projet.
Au Burundi, l'autosuffisance alimentaire reste la priorité absolue, comme proclamé par le Président de la République et sur laquelle il insiste dans tous ses discours concernant la politique de développement économique du pays.
Dans ce cadre, compte tenu de l'importance que revêtent les poissons dans l'alimentation de la population burundaise, eux aussi devraient être considérés comme une priorité du pays.
Par ailleurs, le développement de la pêche et de la pisciculture entrent dans le cadre de la politique de développement rural intégré qui vise essentiellement à corriger le déséquilibre structurel et à instaurer des relations économiques plus équilibrées entre le milieu rural et le milieu urbain.
On remarque cependant qu'en pratique, la pêche et la pisciculture n'occupent pas la place qui leur reviendrait dans la politique économique du Gouvernement.
Le Plan Quinquennal 1983–1987 du pays se limite à faire des prévisions assez vagues sur le sous-secteur, sans essayer de tracer des orientations techniques et économiques qui seraient pourtant indispensables.
La contrainte principale pesant sur ce secteur de production, est l'absence d'une politique gouvernementale clairement définie quant à l'appui qu'elle entend accorder à la pêche, en ce qui concerne l'approvisionnement en matériel sans lequel ni la pêche industrielle ni la pêche artisanale ne pourront se maintenir et développer leurs activités; il s'agit d'octroyer les licences et devises nécessaires aux importations de ces matériels, équipements et accessoires, et d'assurer leur distributions à un prix raisonnable (détaxe, contrôle des marges bénéficiaires, distribution directe etc…).
Ces mesures, en plus d'allégements fiscaux, (réduction des taxes sur le carburant etc.), seront particulièrement indispensables dans le cas où la pêche industrielle aurait accès aux zones de pêche éloignées, hors des eaux territoriales du Burundi; elles sont impératives pour la pêche artisanale (Collart, 1985).
Le Service des pêches relève au Burundi de la Sous-direction des pêches et de la pisciculture du Département des Eaux et Forêts, lequel forme une partie du Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage.
Les fonctions principales du Service sont l'application des règlements sur la pêche, la coordination de la recherche et la collecte des statistiques des pêches. En ce qui concerne la Sous-direction, elle est composée par 3 ingénieurs (dont deux en technologie des produits de pêche, un en techniques piscicoles) et deux biologistes. Les cadres moyens sont formés par 7 assistants biologistes et 7 observateurs de la pêche industrielle (au marché central). En total l'effectif du personnel totalise 48 employés.
A travers tout le Burundi, les activités piscicoles sont la responsabilité technique du Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage, en passant par la Sous-direction des pêches et de la pisciculture du Département des Eaux et Forêts. La Sous-direction ne possède pas un seul membre du personnel ayant des années d'expérience et une formation en pisciculture. Parmi les trois membres avec des années d'expérience et une formation d'ingénieur agricole, deux ont suivi une formation de technologistes pour les produits des poissons, et un, celle de technologiste des pêches. Cependant, un fonctionnaire, suivant actuellement un cours de formation en pisciculture devrait être rattaché à la Sous-direction à son retour.
En plus du personnel avec des années d'expérience, basé dans les bureaux de la Sous-direction des pêches et de la pisciculture à Bujumbura, les postes des six volontaires du Programme piscicole du Corps de la Paix américain sont rattachés à la Sous-direction. Ces volontaires opèrent à l'intérieur du pays dans les provinces de Kayanza, Ngozi, et Muramvya et la commune de Mwisale. Les opérations de ce programme piscicole sont supervisées par le Service des pêches. Cette équipe représente l'apport total de la Sous-direction dans le secteur piscicole. En bref, on peut dire qu'à part la publication d'un manuel de pisciculture pour le bénéfice des agronomes sur le terrain, il semblerait qu'il n'y ait eu aucune activité piscicole de la part de la Sous-direction, jusqu'au lancement du Programme du Corps de la Paix américain (octobre-novembre 1985).
On remarquera ci-dessous qu'à l'opposé de la négligence quasi-totale de ce secteur de la part du Ministère, il existe une activité considérable initiée par les autorités provinciales, en dehors du Service administratif du Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage.
Huit “observateurs” du Service des pêches opèrent dans les centres de pêche du lac Tanganyika, en relevant les statistiques de production d'environ 300 catamarans.
Le manque de suivi et de contrôle de la part du Service des pêches fait que leur travail est peu fiable, voire inutile. Vu que le développement de la pêche artisanale s'est réalisé de façon anarchique, un système d'encadrement technique des pêcheurs serait nécessaire. De plus le niveau périphérique du service des pêches manque complètement en ce qui concerne les lacs du Nord.
Actuellement, il n'existe pratiquement pas de services auxiliaires compétents même à titre consultatif, à la disposition des éleveurs récemment intéressés. L'absence d'un personnel qualifié et le peu de moyens de transports disponibles sur le terrain ne permettent pas à la Sous-direction de fournir des services auxiliaires. Ce manque d'appui se manifeste par les résultats médiocres du programme actuel de construction d'étangs, démarré avec le support des autorités provinciales, ceci pourrait amener à un retard dans le programme d'ensemble pour le développement piscicole à l'intérieur du pays, à moins que des mesures de correction ne soient prises au plus vite.
Avec le lancement du Programme piscicole du Corps de la Paix américain, ces services auxiliaires commencent à être à la disposition des provinces qui ont été choisies pour faire partie du programme.
Il existe dans le pays une seule école de formation de techniciens agricoles à Karuzi. La formation en pêche est peu développée et surtout théorique. Les élèves de cette école devraient recevoir une formation nouvelle pour opérer dans le sous-secteur.
Les pêcheurs ont bénéficié d'un système de crédit pendant une période de sept ans dans le cadre d'un projet de la Banque Mondiale.
Les fonds du projet Banque Mondiale pour le Développement des Pêches ont été canalisés par la Banque Nationale de Développement Economique (BNDE) et celle-ci à la SUPOBU.
Le montant remboursé par les pêcheurs était limité à cause du mauvais système mis en place.
Actuellement, ni les pêcheurs ni les pisciculteurs ne bénéficient d'une quelconque forme de crédit. En première analyse, les besoins en crédit semblent être secondaires vis à vis des besoins en matériel et en encadrement technique.
La Société des Usines de Poisson du Burundi (SUPOBU) a été créée à l'initiative de projets FAO auprès du Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage. C'est une agence financièrement autonome. Créée en 1973, la SUPOBU couvre tous les aspects du développement des pêches, de la production à la distribution. A l'instar des autres sociétés parastatales, la SUPOBU peut acheter du poisson, construire et diriger des centres de développement, commercialiser du poisson au Burundi ou à l'extérieur, créer des centres de commercialisation, importer, vendre ou louer du matériel de pêche et financer sa vente, construire des embarcations de pêche.
La SUPOBU est établie pour 30 ans. A présent, les activités de cette société sont limitées à cause de la crise financière de la SUPOBU, qui doit être considérée en veilleuse. La société continue à opérer dans les domaines suivants:
Les résultats obtenus par la SUPOBU dans les différents domaines d'activités ont été jugés assez pauvres.
Par conséquent, l'existence même de la société est mise en discussion.
La mission pense aussi que la commercialisation du poisson et son traitement ne devraient pas être menés par une société étatique qui manque de flexibilité nécessaire pour un produit aussi spécifique que le poisson.
De plus, la SUPOBU fait double emploi avec la Sous-direction des pêches avec le résultat que les responsabilités des deux organismes se chevauchent sans être d'ailleurs bien définies.
Actuellement, il existe une proposition de projet danoise pour relancer la SUPOBU; par contre, la mission estime qu'elle devrait disparaître. De toute façon, la mission souhaite qu'une décision soit prise rapidement sur l'avenir de cette société car on pense que la situation de veilleuse actuelle, qui freine toute initiative dans le sous-secteur, est une forte contrainte au développement de la pêche.
La production de poisson du Burundi provient presque entièrement des pêcheries du lac Tanganyika qui présente les caractéristiques d'une mer et dont les principales ressources se trouvent dans la zone pélagique, contrairement à la plupart des autres lacs africains.
Le résumé d'informations sur le lac est le suivant:
- surface | : | 32.600 km2 (moins les îles) ; Zaïre 45%; Tanzanie 41%; Burundi 7% ; Zambie 6% ; |
- longueur | : | 30°2' – 80°45' de latitude S (environ 650 km) |
- profondeur maximum | : | 1.470 m ; profondeur moyenne: 570 m |
- volume | : | 18.880 km3 |
- altitude | : | 775 m |
- précipitations | : | 90 cm/an |
- déversement | : | 2,7 km3/an |
- évaporation | : | 135 cm/an |
- température de l'eau | : | 23/25°C à 29/30°C |
(Les considérations générales qui suivent sont basées sur une étude de la FAO: 1977a).
“La température de l'eau et la radiation solaire sont toujours à un degré optimal pour la production biologique, mais deux phases saisonnières sont imposées par le régime des vents qui semble être le facteur principal de régulation de la production. L'événement remarquable en ce qui concerne la productivité, est la multiplication du phytoplancton en septembre-octobre. Ce n'est certainement pas un phénomène général valable pour tout le lac. A l'extrémité sud de celui-ci la production est plus forte en saison sèche à cause du courant ascendant d'un upwelling avec parfois une pointe plus petite au début des pluies. La productivité globale semble dépendre essentiellem l'intensité et de la durée de la floraison.
Plusieurs mécanismes peuvent être mis en avant pour expliquer cette multiplication: la dérive de l'épilimnion vers le nord; les éléments nutritifs entraînés par les premières pluies; leur diffusion à travers le thermocline. Les deux premières explications seraient liées à des causes distinctes : les courants venus du sud et l'apport des tributaires.
Pour le lac tout entier, cette sorte d'apport supplémentaire d'éléments fertilisants à l'épilimnion pourrait se traduire par des structures différentes du phytoplancton, selon le mode d'oscillation.
La productivité du lac à l'hectare pourrait bien être importante; l'illumination incidente par jour est aussi élevée qu'en Europe pendant l'été; l'eau est très peu limoneuse et par conséquent, la plus grande part de la lumière est finalement absorbée par les algues pour fournir une production primaire”.
La communauté de poissons pélagiques est constituée essentiellement de deux espèces de clupéides planctonivores: Stolothrissa tanganicae (Ndagala) et Limnothrissa miodon et de leurs prédacteurs, trois espèces de Lates et Luciolates stappersii (Mukeke). Le cycle de vie moyen des clupéides est d'environ 18 mois ; les Lates et les Luciolates vivent plusieurs années. L'abondance des stocks de Ndagala et Mukeke varie considérablement à intervalles d'environ 6 à 8 ans.
Le potentiel piscicole moyen du lac a été évalué à 90 kg/ha/an, ou à quelque 300.000 t pour la totalité du lac. Ce chiffre est cependant une moyenne technique, les stocks montrant des fortes variations naturelles en abondance qui rendent très difficile la planification de la pêche.
Les captures totales ont été en 1982 les suivantes :
Burundi | : | 13.600 t |
Tanzanie | : | 25.000 t |
Zaïre | : | 30.000 t |
Zambie | : | 10.400 t |
Total | : | 79.000 t |
La conclusion est que le potentiel du lac dans son ensemble est sous-exploité.
La production potentielle du Burundi a été évaluée entre 16.000 et 20.000 tonnes/an.
Le niveau de la production en 1984 étant de 12.000 tonnes, on devrait conclure que le potentiel de cette partie du lac est sous-exploité.
Cependant, il faut considérer que, malgré l'augmentation du nombre de catamarans et de bateaux industriels en 1983 et en 1984, le niveau de la production nationale est en baisse par rapport à la moyenne des années précédentes. Par conséquent, le rendement par unité de pêche a sensiblement baissé (voir Figure 1). En même temps, en analysant la composition des captures, on remarque une réduction en pourcentage des prises de Stolothrissa (planctonophage) compensée en partie par l'augmentation des captures de Luciolates (voraces) ce qui démontre un déséquilibre ou changement dans la composition des stocks.
Ces aspects récents de la production entraînent les hypothèses suivantes:
L'effort de pêche est déjà arrivé à la limite supportable par les stocks de Ndagala actuels.
En effet, l'augmentation spectaculaire du nombre des catamarans, dont les captures sont représentées pour 90% par les Ndagala et pour 10% seulement par les Mukeke qui sont rapides et échappent en grande partie aux engins de la pêche artisanale, a probablement modifié l'équilibre des stocks généralement admis : 80% planctonophages et 20% voraces. Si on considère, en même temps, que les Ndagala sont les captures principales des bâteaux industriels et des voraces, l'hypothèse d'une surexploitation des stocks de Ndagala devient fortement possible.
Le stock de poisson au Burundi peut être relativement isolé et les quantités capturées ne sont pas compensées par les migrations d'autres poissons du reste du lac, qui, comme on l'a dit, est sous-exploité. Cette hypothèse paraît être confirmée par une étude de la FAO (1977b).
“Il peut y avoir plusieurs types de déplacements d'ensemble des poissons ; la population qui se trouve à la partie septentrionale du lac (Burundi) pourrait être relativement isolée du fait de mouvements plus restreints que les déplacements qui se produisent dans le reste du lac, ou bien le déplacement de poissons vers les eaux burundaises pourrait égaler ceux des poissons qui s'en écartent”.
Ces hypothèses devraient être confirmées par un programme d'études hydrobiologiques du lac dont la réalisation s'avère urgente.
En attendant cette étude il faudra adopter une politique prudente dans l'exploitation des stocks de Ndagala dans la partie burundaise du lac.
Le développement de la production ne nous paraît possible qu'à deux conditions, à savoir:
réaliser un accord de pêche avec les trois autres pays riverains pour adopter une politique commune pour la libre exploitation du lac ou bien en payant des permis de pêche pour les bateaux industriels. Ceci permettrait de réduire l'effort de pêche sur la partie burundaise du lac Tanganyika et une expansion nouvelle de la pêche artisanale et industrielle ;
diversifier l'exploitation des stocks, surtout en améliorant la technique des carrelets pour permetre aux pêcheurs de capturer les Mukeke pour ré-équilibrer les captures à l'ordre biologique naturel. Une étude récente de la FAO (Roest, 1985) est du même avis: “Il est bien connu que les pêcheurs du lac Tanganyika capturent une quantité limitée de prédacteurs à cause de la lenteur de leurs méthodes de peche. L'introduction de méthodes plus rapides permettrait aux pêcheurs artisanaux d'exploiter les stocks de Luciolates de 1–2 années qui actuellement ne sont pratiquement pas pêchées. La réduction de leur nombre permettra sans doute une survie plus importante de Stolothrissa juvéniles et ceci est dans l'intérêt immédiat de la pêche artisanale”.
De toute façon, il faudra adopter une série de mesures pour rationaliser la pêche burundaise, à savoir:
interdire formellement la pêche à moins de 5 km du rivage ;
garder le nombre actuel de bateaux industriels et artisanaux.
A présent, le nombre de bateaux industriels est de 20 unités et les catamarans sont environ 1.000. Une étude de la FAO (1977a) indiquait le niveau suivant: “L'optimum de l'effort de pêche pour les eaux burundaises est de 17 unités industrielles et de 1.040 unités artisanales ou équivalentes”.
réduire la pollution du lac qui pourrait être une des causes de la réduction de stocks de poisson (Meybeck 1985).
On trouve au Burundi trois catégories de pêcheurs:
les pêcheurs à plein temps;
les agriculteurs-pêcheurs;
les occasionnels.
Les pêcheurs à plein temps sont ceux de la pêche industrielle seulement. Chaque unité emploie environ 23–35 pêcheurs burundais. Par conséquent leur nombre est à 600 personnes environ.
Par contre, les travailleurs de la pêche artisanale et coutumière restent les paysans-pêcheurs; la pêche est une activité secondaire, voire marginale pour la plupart d'entre eux; la pêche est marginale par le temps qu'ils lui consacrent, qui varie de 10 à 12 jours par mois selon l'époque de l'année. Le nombre de pêcheurs artisanaux et coutumiers est d'environ 5.500 personnes. Par conséquent, le nombre total de pêcheurs du Burundi est de 6.000 personnes environ.
L'équipe de pêche est en général composée de 4 à 5 individus. Cette main-d'oeuvre est peu stable et il arrive que le patron de pêche soit oblige de modifier son équipage à cause de la non-disponibilité de l'un ou de plusieurs de ses hommes. Ces changements fréquents, surtout au moment des principaux travaux agricoles, nuisent à la cohésion de l'équipage et par là même, à la rentabilité de l'unité.
Les contrats de partage des bénéfices de la pêche artisanale sont très variés. D'une façon générale, les contrats reposent sur des principes très simples qui sont les suivants:
les frais d'exploitation sont déduits du montant des ventes des captures;
les revenus nets sont partagés en deux parties dont la première est pour le propriétaire et la deuxième pour l'équipage.
Par conséquent, les contrats de partage sont plus avantageux, soit pour le propriétaire du matériel, soit pour les pêcheurs en fonction de la durée effective de l'équipement. Par exemple si la durée de l'équipement est prolongée au-del à de sa longévité normale par réparations et bricolages, l'amortissement assez vite réalisé permet ensuite au propriétaire de jouir des bénéfices nets, importants pendant plusieurs années.
L'étude des dépenses et recettes d'une unité prototype de pêche artisanale (Annexe II) porte aux conclusions suivantes:
la marge bénéficiaire d'une unité artisanale est d'environ 517.000 FBu/an, soit 5,000 dollars EUenviron;
l'équipage qui est propriétaire du catamaran bénéficie des revenus de 1,000 dollars EU par pêcheur/an.
Compte tenu des bénéfices de la pêche s'ajoutant aux revenus de l'agriculture, il s'agit d'un montant important;
En moyenne, les revenus nets peuvent être estimés à 500 dollars EU/pêcheur/an. Si l'on considère que les dépenses en capital nécessaires, pour l'achat d'un bateau équipé sont de 220.000 FBu, soit 2,000 dollars EU environ, il est évident qu' un équipage pourrait acheter un catamaran avec les économies de un à deux ans de travail.
Cependant, on remarque que pendant les quatre dernières années, le prix moyen du poisson payé aux pêcheurs est resté, grosso modo, stable autour de 110 FBu/kg, tandis que le coût de l'armement a doublé à cause de la hausse des prix de l'équipement.
Par conséquent, il est actuellement plus difficile qu'un équipage puisse devenir propriétaire d'un catamaran, soit à cause de l'individualisme des pêcheurs, qui rend les associations rares, soit à cause des revenus qui sont, en termes réels, moins élevés que dans le passé.
Les unités de pêche vivent une vie autonome basée sur un individualisme accentué. Il s'agit d'un aspect important de la mentalité des pêcheurs dont il faudra tenir compte dans les projets envisagés. Depuis 1975, deux associations de pêcheurs sous la forme de coopératives ont été créées. A présent, une seule coopérative demeure pratiquement en veilleuse: il s'agit de la coopérative des pêcheurs de Magira, qui compte environ 15 adhérents.
Les objectifs de la coopérative sont la construction des catamarans, l'approvisionnement des pêcheurs en équipement, ainsi que la commercialisation des produits de la pêche. Cette coopérative a bénéficié de moyens matériels et capitaux limités; les résultats obtenus par la coopérative sont tout à fait modestes.
Les détails techniques sur les méthodes et les engins de pêche sont donnés en annexe (Annexe III). Dans cette partie du rapport on se limitera à l'évaluation des problèmes et contraintes de chaque type de pêcherie.
En 1985, la pêche industrielle compte 20 unités de senneurs de type grec.
La situation économique de ce secteur de la pêche burundaise ne devrait pas être mauvaise car les armateurs sont en train de construire trois nouveaux bateaux pour remplacer d'anciennes unités.
Cependant, il faudrait adopter une série de mesur pour un nouveau développement de la êche industrielle au Burundi, savoir.
A. Permettre aux bâteaux industriels de travaler uns les eaux des pays limitrophes par la libéralisation de la pêche sur le lac ou par l'octroi de permis de pêche.
Cette mesure est fondamentale car elle permettrait un développement de la production qui est impossible en utilisant les seules ressources du Burundi.
Dans cette hypothèse, les eaux burundaies seraient, en pratique, réservées en grande partie à la pêche artisanale qui pourra ainsi augmenter ses unités en entraînal une amélioration des revenus et de l'emploi; en même temps faudrait réaliser la reconversion des unités de la pêche industrielle qui devront être équipées comme des bateaux à plus lon rayon d'action. Ceci demandera des études de préfaibilité, d'éventuels investissements importants de la parties armateurs, et une politique favorable au développement de la pêche industrielle.
B. Construire un port de pêche equipé des infrastructures nécessaires pour le développement d'une chaîne de froid.
La construction d'un port savérerait nécessaire dans le cas où le Burundi obtiendrait des permis de pêche de la part des pays voisins.
Le secteur artisanal compte environ 1.000 catamarans qui utilisent des lampes à pétrole à pression pour attirer le poisson et des carrelets pour le capturer.
La pêche artisanal est encore dans une situation de croissance puisque au cours des trois dernières années le nombre d'unités nouvelles a augmenté d'environ 5% par an malgré la diminution des captures et des revenus par unité.
L'explication de ce phénomène apparemment contradictoire se trouve dans le fait que le pêcheur burundais est surtout un paysan.
L'effort de pêche est limité aux moments les plus favorables; pendant les périodes mortes pour la pêche ils s'adonnent à l'agriculture.
Les investissements relativement faibles demandés, les revenus monétaires relativement élevés, font en sorte qu' à présent, cette activité reste intéressante pour un certain nombre de personnes.
On remarque, cependant que, du point de vue économique, un niveau de captures stagnant produit par un nombre croissant d'unités signifie produire la même quantité avec des coûts plus élevés.
Les contraintes spécifiques du secteur artisanal sont les suivantes:
Pêche concentrée sur une seule espèce de poisson qui expose cette pêcherie aux fluctuations des stocks de Ndagala.
Manque d'efficacité du système actuel de pêche aux carrelets, qui ne permet pas d'exploiter les stocks des prédateurs de façon appropriée.
Manque de variété des méthodes de pêche, avec pour résultat que certaines espèces de poissons, ne sont pratiquement pas exploitées.
Les 700 pirogues monoxyles rudimentaires qui pratiquaient une pêche côtière de subsistance à l'aide de filets “Lusenga”, épuisettes coniques en nylon, ont été progressivement remplacées par des catamarans et par des techniques de pêche artisanales. Actuellement, il ne reste qu'environ 40 pirogues traditionnelles qui débarquent chaque année environ 50 tonnes de poisson.
Les principales contraintes de la pêche artisanale et coutumière sont les suivantes:
“Grande disparité existant entre les matériels, équipements et engins utilisés; nature des pirogues, marques de moteurs et des lampes de pêche, etc. qui compliquent les problèmes de maintenance” (Collart, 1985).
La pénurie de l'équipement de pêche dans les marchés locaux et leur coût très élevé par rapport à la qualité est la contrainte principale de la pêche artisanale et coutumière. La SUPOBU fournissait l'équipement de pêche à des prix tout à fait raisonnables. Actuellement, un seul commerçant s'occupe de cette activité et exploite la situation de monopole pour pratiquer des prix qui sont trois fois plus élevés par rapport à la SUPOBU pour du matériel de qualité médiocre.
Par conséquent, les pêcheurs s'approvisionnent surtout en Tanzanie. D'après les déclarations des pêcheurs, il paraît que l'approvisionnement sur ce marché est parfois dangereux; de plus, ils perdent du temps et de l'argent pour le voyage.
Il est extrêmement difficile de reconstruire les données concernant la production piscicole du lac Tanganyika au Burundi.
Les statistiques du Service des pêches, qui servaient à donner de grandes orientations jusqu'en 1982, sont devenues encore plus incomplètes à cause de la réduction du nombre des observateurs.
Cependant, on essaiera d'avancer des chiffres basés sur les données existantes et sur nos observations.
A. Pêche industrielle
Depuis 1980, quand 6.506 tonnes furent capturées, les captures totales de ce secteur ont diminué à 4.116 t en 1981, pour rester ensuite stables autour de 3.300 t entre 1982 et 1984. Il est à noter, cependant, que les statistiques de 1980 portent sur 13 mois lunaires et celles de 1981 et 1982 sur 12 et 11 mois respectivement. Néanmoins, une tendance négative est nettement visible.
Il faut considérer cependant que, d'après nos observations, 15% de la production industrielle échappe aux statistiques officielles; par conséquent, le niveau actuel de la production industrielle se situerait autour de 5.200 t.
Tableau de Production de la Pêche Industrielle
Total observé (tonnes) | Total extrapolé par la mission | |
1981 | 4.116 | 6.174 |
1982 | 3.641 | 5.461 |
1983 | 3.199 | 4.798 |
1984 | 3.453 | 5.179 |
B. Pêche artisanale
La pêche artisanale est un secteur important dont les captures totales annuelles sont supérieures à celles de la pêche industrielle.
Des 807 unités catamarans dénombrees en 1982, un nombre moyen de 312 fut couvert mensuellement par les observateurs en 1980, 318 en 1981 et 394 en 1982. A présent, les catamarans sont environ 1,000. Les unités contrôlées actuellement par les observateurs sont 300 catamarans environ.
Les Services des pêches et la mission ont cherché à combler les lacunes statistiques par des extrapolations qui donnent les résultats suivants:
Total observé (t) | Total extrapolé (t) | |
1981 | 3.819 | 7.401 (A) |
1982 | 4.461 | 9.891 (A) |
1983 | 3.149 | 7.000 (B) |
1984 | 2.878 | 6.500 (B) |
(A) Source: extrapolation du Service des pêches
(B) Source: évaluation de la mission basée sur 50 kg/poisson par sortie pour 10 sorties/mois.
Même pour la pêche artisanale la tendance négative est bien visible.
C. Pêche coutumière
Selon le dernier recensement, il n'y a que 50 pirogues qui pratiquent la pêche au Lusenga. Cependant, le nombre moyen d'unités suivies mensuellement pour les statistiques était en 1982 de 10 pirogues dont les captures atteignaient 28 tonnes.
Notre évaluation de la production de cette pêche est d'environ 50 t/an.
On estime que la production actuelle de la partie burundaise du lac devrait être autour de 12.000 t. Il s'agit évidemment d'une évaluation assez grossière que nous avons avancée pour donner des ordres de grandeur.
L'essentiel des captures réalisées sur le lac Tanganyika était constitué par les Ndagala. Ils représentaient de 70 à 80% des prises selon les années.
Venaient ensuite les Mukeke qui représentaient environ 15 à 20% des prises totales (jusqu' à 30% en 1976).
Les gros prédateurs (Lates angustifrons, mariae et microlepis) représentent un stock assez faible.
Les espèces littorales sont capturées par les pêcheurs coutumiers et sont constituées principalement par des cichlides (tilapia), des silurides et quelques capitaines (Lates mariae et angustifrons).
Pendant les dernières années, on a assisté à une modification profonde dans la composition des captures, avec une forte augmentation des prises de Mukeke qui en 1983 ont représenté 44% des captures, contre 54% pour les Ndagala.
Les efforts entrepris en matière de conservation et de traitement du poisson se justifient en vertu des considérations suivantes:
les variations des prises de Ndagala et de Mukeke sont très importantes, au niveau journalier, saisonnier et même annuel. Un système de conservation et de traitement permet d'utiliser plus efficacement les disponibilités de poisson en réduisant les pertes et détériorations;
nécessité de prolonger la durée marchande des prises, de façon à élargir les zones de distribution.
L'utilisation de ces techniques de conservation est assez limitée au Burundi.
A. Réfrigération
Au marché central de Bujumbura une chambre froide a été construite, mais actuellement elle reste inutilisée à cause d'une panne. Cette chambre froide est gérée par la sous-direction des pêches.
Ses caractéristiques sont les suivantes:
- dimensions intérieures | : | 150 m3 |
- température | : | - 5°C |
- capacité de stockage | : | 40 t |
Cette chambre froide est inadéquate pour la conservation du poisson, sauf s'il est glacé au préalable. Par conséquent, elle devrait être complétée par une machine pour la fabrication de la glace (capacité 2 t/j).
En outre, on devrait changer le système de stockage du poisson, étant donné qu'il faudrait adopter des caisses en plastique de la capacité de 20 kg pour préserver mieux les Ndagala.
B. Congélation
La SUPOBU gère une unité de congélation dont les caractéristiques sont les suivantes:
- capacité de stockage | : | 3 t |
- température | : | - 20 C |
A. Séchage
Ce système de traitement concerne essentiellement le Ndagala dont la petite taille se prête bien à cette opération. Le séchage s'effectue soit en période d'abondance soit pendant toute l'annés pour vendre le poisson à l'intérieur du pays.
On utilise deux méthodes de séchage, à savoir:
séchage sur des claies surélevées
Il s'agit d'une méthode efficace diffusée par la SUPOBU; en cas de pluie, le poisson est couvert, ce qui réduit les risques de cette opération. On remarque qu'il est conseillé de changer les bâches de couverture par l'introduction de bâches transparentes qui permettent aux rayons du soleil de pénétrer plus facilement.
séchage sur le sable
Il s'agit d'une pratique qui est encore assez utilisée car les claies de la SUPOBU ne sont pas suffisantes pour couvrir les besoins. De plus, il faut les louer à un prix estimé excessif.
Le séchage sur le sable présente de nombreux inconvénients : les poissons contiennent en effet presque toujours du sable et sont contaminés par les insectes. En outre, la pluie, qui est assez fréquente dans ce pays, oblige le pêcheur à retirer le poisson, opération qui demande du travail supplémentaire.
Par conséquent, la mission estime que la construction de nouvelles claies serait tout à fait souhaitable.
B. Fumage
Le fumage est effectué en grande partie en utilisant les fours de la SUPOBU. Cette méthode est pratiquée de façon convenable et présent concerne les Mukeke seulement.
La durée du fumage varie suivant la rapidité prévue de l'écoulement.
Le transport du poisson est effectué exclusivement par route.
Pour réduire les frais de transport (les commerçants paient 100 FBu par caisse de la plage à Bujumbura) et les taxes, (le poids d'une caisse de poisson est d'environ 50 kg, ce qui nuit considérablement à la qualité d'un produit fragile comme les Ndagala et, en même temps, rend difficile la réfrigération des poissons). On estime qu'il faudrait modifier le système de taxation du produit.