HTML Document Défrichement cultural

Le défrichement à des fins agricoles continue à être une cause importante de la déforestation. Suite à la diminution progressive de la taille du terroir agricole et à la perte de sa fertilité, la population a tendance à recourir aux espaces forestiers à la recherche de nouvelles terres agricoles encore fertiles. Ainsi, le défrichement cultural s'observe dans presque tous les écosystèmes naturels.


Défrichement dans les forêts sclérophylles de la plaine de la basse Rusizi

Dans cet écosystème, des forêts à Strychnos potatorum et à Euphorbia dawei disparaissent et sont remplacées par les cultures de cotonnier. La culture de coton à l’intérieur du Parc National de la Rusizi est fatal pour la conservation de la nature. La culture de coton a ainsi entraîné une disparition totale du couvert herbacé et ligneux sous la palmeraie à Hyphaene

Le labour consiste ainsi  à déraciner chaque fois de jeunes plantules d’Hyphaene pour les empêcher de s’épanouir. Certaines espèces caractéristiques comme Euphorbia dawei, Cynometra alexandri et Dorstenia barnimiana sont déjà disparues et d’autres encore notamment Strychnos potatorum, Tamarindus indica, etc. se  retrouvent dans la plaine de la Rusizi de façon très dispersée, en individus isolés, où elles ne parviendront plus à reconquérir l’espace.

La plantation industrielle de canne à sucre est venue effacer tout espoir qu’on pouvait avoir sur la régénération de certaines espèces dans cette aire protégée. Il s’agit d’une monoculture qui met en extinction toutes les espèces, les groupements végétaux et les animaux qui y étaient au départ. Cette plantation a été mise en place sans aucune étude d’impacts environnementaux et tend à s’agrandir pour atteindre la première terrasse de la plaine de la Rusizi où les peuplements d’Hyphaene ont été coupés sur plusieurs centaines de mètres.

La monoculture de canne à sucre devra, à la longue, porter préjudice à la vie de la faune aquatique de la Rusizi, et plus particulièrement à la reproduction des poissons de la partie nord du lac Tanganyika à cause des pesticides, des engrais chimiques utilisés sur cette culture et d’autres effluents produits par l’usine. Actuellement, les agriculteurs agrandissent leurs champs vers les formations forestières du Parc National de la Rusizi.

Défrichement cultural dans les forêts de montagne

Les forêts ombrophiles afromontagnardes occupaient, il y a une cinquantaine d’année, 104000 ha mais couvrent aujourd’hui 55000 ha dont 50900 protégés et dont les plus appréciables sont dans le Parc National de la Kibira et la Réserve Naturelle de Bururi. Au Burundi occidental, une forêt mésophile submontagnarde typique de zone de transition vers l’étage montagnard, entre 1000 et 1600 m d’altitude environ, n’existe plus. Sa disparition s’est accompagnée par une réduction drastique des espèces comme Spathodea ampanulata, Newtonia buchannanii, Albizia gummifera, Cordia africana, Raphia monboutorum (palmier sauvage de Mumirwa), etc.

 Défrichement cultural dans les forêts claires 

Ces forêts tapissent les pentes impropres à la culture dans la partie méridionale du Burundi mais sur toute la bordure périphérique des plaines de Rumonge et de Nyanza-lac, jusqu’à 1600 m d’altitude, on assiste à une spécialisation de cultiver sur des pentes fortes conduisant considérablement à la réduction des forêts par coupe rase en faveur de culture de manioc. A de faibles altitudes, le défrichement cultural se fait par l’extension de la culture de palmier à huile (Elaies guineensis) qui monte jusqu’à 1300 m.
La réduction des forêts claires constituent une menace pour beaucoup d’espèces devenue rares notamment Pterocarpus tinctorius, P. angolensis, Pericopsis angolensis, Isoberlinia angolensis, Brachystegia longifolia, Brachystegia wangermeeana, etc. La disparition des essences dominantes ectomycorrhizées des forêts claires s’accompagne inévitablement de la disparition d’une multitude de champignons symbiontes. 


Défrichement cultural des galeries forestières 

Actuellement, toutes ces formations végétales ont cédé la place à l’agriculture et celles qui en restent se trouvent dans le seul Parc National de la Ruvubu. Les plantes caractéristiques qui composaient les galeries forestières et qui sont observées par ici par là en bordure de champs sont notamment Syzygium cordatum, S. guineense, Albizia gummifera, Newtonia buchananii et Phoenix reclinata, Anthocleista grandiflora, Albizia grandibracteata, Cordia africana, Pterygota mildbraedii, etc.


Défrichement cultural des savanes et des steppes 

Les savanes arborées occupaient, il y a plus ou moins 50 ans une superficie de 150000 ha. Actuellement, les savanes arborées encore tenables sont estimées à moins de 60000 ha dont 40000 ha protégés du Parc National de la Ruvubu. La steppe à Bulbine abyssinica du Parc National de la Rusizi a été soumise à l’agriculture. L’effacement de cette steppe de la carte de cette aire protégée s’est accompagnée de la disparition des espèces associées à la végétation notamment les espèces caractéristiques comme Bulbine abyssinica. Aussi, d’autres espèces particulières ont été touchées notamment Portulaca centrali-africana, espèce qui est endémique de la plaine de la Rusizi et Crotalaria germainii, petite Fabaceae herbacée, endémique de la plaine de la Rusizi et étroitement liée à l’association à Bulbine abyssinica et aussi Manadenium chevalieri, une petite Euphorbiaceae rencontrée souvent mêlée aux touffes d’Asparagus

Défrichement des forêts alluvionnaires 

Ce défrichement est noté autour des lacs du Nord, en bordure du lac Tanganyika à Nyanza-lac et dans la plaine inondable de la Malagarazi où prédominaient les forêts à Acacia polyacantha. On y observe actuellement des cultures. 

Défrichement et drainage culturaux des marais et de végétation de bordure des lacs

Les marais sont soumis à des exploitations anarchiques par drainage non contrôlé. En haute altitude, les marais à Cyperus latifolius et Cyperus pseudocladus ont déjà cédé la place aux cultures maraîchères. Au niveau des plateaux centraux, le Cyperus papyrus est en grande partie remplacé par la patate douce et le haricot. Les marais de Nyamuswaga sont en train d’être drainé.
Au Paysage Protégé de Bugesera, des étendues énormes des marais ont été drainées et d’autres le sont actuellement pour l’agriculture. Cette action a déconnecté la rivière Kanyaru et les lacs qu’elle alimentait en eaux. De plus, la quasi-totalité de la végétation de bordure des lacs du Nord a été défrichée pour l’agriculture.La dégradation des marais s’accompagne par la diminution de Cyperus papyrus, Phragmites mauritianus, Typha domingensis, etc. Une étendue importante de Cyperus laevigatus n’existerait que dans le delta de la Rusizi sur une dizaine d’ares.     


Défrichement culturaux des boisements 

Dans toutes les communes du pays, des superficies importantes des boisements communaux et domaniaux sont déjà mis en cultures à tel point que l’Etat ne sait plus récupérer certaines terres déténues par des privés.

Informations tirées de la  Stratégie Nationale et Plan d'Action sur la Biodiversité 2013-2020.

Release date 18/08/2014
Contributor mpawe
Geographical coverage Burundi,
Keywords Dégradation de la biodiversité, Défrichement cultural,