HTML Document Influence de l'anthropisation sur la répartition de la grande faune. La mangrove, un milieu refuge

La mangrove du parc national du delta du Saloum (Sénégal), bien que menacée par une exploitation excessive, présente encore une faune mammalienne d’une grande richesse spécifique. Certaines espèces de grands et moyens mammifères
herbivores (lamantin) ou carnivores (loutre à joues blanches, mangouste des marais, qui y consomment essentiellement des poissons et des crustacés) y sont inféodées. Les petits carnivores nocturnes (mangoustes, chat sauvage, genettes) y
capturent poissons, invertébrés et petits oiseaux. Consécutivement à l’augmentation de la pression d’anthropisation, de nouvelles espèces ont inclus ce milieu particulier dans leur domaine vital. Nos travaux menés en 1975-1976 ont montré que les singes verts s’y sont bien adaptés. Ils y passent jusqu’à 80 % du temps et y consomment diverses parties des palétuviers ainsi que les crabes violonistes. Le sitatunga, que l’on pensait disparu depuis une trentaine d’années, y a été
redécouvert, en très faibles effectifs, lors du dénombrement IRD-DPN-DEFCCUICN en 1998, démontrant l’efficacité de la mangrove comme milieu refuge. Plus récemment, de nouvelles espèces (patas, guib harnaché, phacochère depuis
une dizaine d’années ; pintade et surtout colobe bai depuis environ cinq ans) pénètrent dans la mangrove et y trouvent également un abri contre les perturbations causées par l’homme. Leurs prédateurs, la civette et l’hyène, les y suivent. Le sitatunga et le colobe bai survivent en populations particulièrement confinées et fragmentées. Le changement climatique (déficit hydrique de 300 mm au cours des trente dernières années) et surtout l’anthropisation (perte d’habitats continentaux par déforestation, activités perturbatrices diverses) ont ainsi affecté l’écosystème mangrove du Saloum qui a vu, en très peu de temps, une augmentation de la diversité des grands vertébrés. Cet accroissement est cependant trompeur, car il ne s’agit que du dernier refuge pour des espèces menacées de disparition à plus ou moins brève échéance.
Financement : IRD, UICN.
Remerciements : DPNS, conservateurs du PNDS et collaborateurs.

Auteurs: Anh Galat-Luong, Gérard Galat

Date de publication 10/12/2014
Contributeur Bertrand Ayihouénou
Couverture géographique Sénégal
Mots-clefs Sénégal – Parc national du Saloum – Grande faune