HTML Document Impact de l’immigration agricole autour des aires protégées. Cas des villages riverains de la forêt classée de Wari-Maro (Bénin)

Suite à l’installation de colons agricoles, la pression exercée sur les terres cultivables s'est accrue de façon importante dans des villages riverains de la forêt classée de Wari-Maro (107 500 ha) au centre du Bénin dans la zone
phytogéographique de transition guinéo-soudanienne. La population est composée de Nagot et Bariba autochtones et de divers allochtones à la recherche de salariat agricole ou de terres fertiles. Le système de culture consiste en une
agriculture itinérante et sur brûlis, accompagnée d’un petit élevage de case. Jusqu’à récemment, les autochtones prêtaient la terre sans aucune contrepartie, la seule interdiction étant de planter des arbres. Depuis peu se développe cependant un nouveau mode de faire-valoir : le colon agricole cultive du vivrier sur la parcelle qu’il a défrichée, mais le propriétaire plante des anacardiers sur le même terrain. L’immigration, qui a commencé dans les années soixante, s’est accélérée à partir de 1997 ; elle s’est parfois faite en plusieurs étapes. La colonisation agricole a conduit à la naissance de marchés et à la prolifération de petits hameaux le long des pistes. La région de la forêt classée de Wari-Maro, bien
qu’encore très boisée, est très menacée à moyen terme. Les périphéries offrent aujourd’hui l’image d’un espace pratiquement nu, où seuls quelques pieds de Parkia biglobosa et de Vitellaria paradoxa ont été épargnés pour leur
production. On observe un déboisement très intense et récent avec des incursions dans la forêt classée. La fabrication du charbon de bois a pris de l’ampleur ces dernières années. L’exploitation de bois d’oeuvre, longtemps limitée à Khaya
senegalensis, Afzelia africana et Pterocarpus erinaceus, touche depuis 2000 d’autres espèces comme Isoberlinia doka et des prélèvements clandestins sont faits dans la forêt classée. Le désenclavement de la zone de Wari-Maro a permis
l’installation massive de migrants dont les activités occasionnent une forte pression sur les ressources naturelles des périphéries et menacent la forêt classée elle-même.

Auteurs: Boni Sounon Bouko, Brice Sinsin

Adresses: Université d'Abomey Calavi, Faculté des Sciences Agronomiques, Laboratoire d'Ecologie Appliquée (UAC/FSA/LEA)- Bénin- 03 BP 1974 Cotonou, Benin Tel: +229 21 36 01 26 / +229 21 31 79 93/229 21 30 30 84/Fax: +229 21 30 30 84

Date de publication 25/06/2015
Contributeur Bertrand Ayihouénou
Couverture géographique Bénin
Mots-clefs Populations migrantes – Colonisation agricole – Dégradation anthropique – Exploitation des ressources naturelles