News Afrique de l'Ouest : Faire du karité un produit au revenu équitable pour tous les acteurs

Les acteurs du karité veulent, à l'horizon 2020, renforcer la qualité du produit recherché sur le marché international pour ses vertus reconnues, et s'assurer que tous les intervenants dans la chaine de production travaillent dans des conditions plus humaines, avec des revenus plus consistants, notamment les femmes rurales qui collectent les noix à la base.

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Source Inter Press Service
Date de publication 21/05/2012
Contributeur Marie-Lucie Susini
Couverture géographique Bénin, Ghana, Côte d'Ivoire
Mots-clefs karité, économie

C'est la principale résolution issue de la 5ème conférence internationale sur le karité, organisée par l'Alliance mondiale du karité à Cotonou, au Bénin, du 23 au 27 avril.

La rencontre a battu le record de participation et même de mobilisation de partenaires dans l'histoire des conférences annuelles sur le karité, selon les organisateurs, avec quelque 400 participants venus de 32 pays d'Afrique et du monde.

Pour atteindre cet objectif, le Centre ouest-africain pour le commerce - un programme financé par L'Agence américaine pour le développement international (USAID) - s'engage à faire la promotion du karité, en étroite collaboration avec l'Alliance mondiale pour le karité dont les moyens d'action sont la formation, la technologie, et l'assistance financière indirecte par le biais d'institutions spécialisées.

«Les attentes de cette conférence ont été largement comblées. Le secteur du karité, pour les années à venir, doit pouvoir mettre l'accent sur les populations, la planète et le profit», a déclaré Vanessa Adams, directrice du Centre ouest-africain pour le commerce (West Africa Trade Hub) basé à Accra, au Ghana.

«Les différents exposés et travaux en atelier ont permis aux acteurs, à tous les niveaux de la chaîne de valeur du karité, de se retrouver dans un même creuset pour se pencher sur l'avenir du karité», a indiqué Eugenia Akuété, présidente de l'Alliance mondiale du karité, à la fin de la rencontre.

Nankourian Dounian, venue de Sikasso, dans le sud-est du Mali, travaille avec 100 groupements de femmes qui ramassent les noix.

«Nous ne trouvons pas de marché pour écouler nos produits. Nous travaillons dur sous les intempéries, parfois même avec nos enfants au dos.

Mais je suis très contente de cette conférence qui m'a donné la possibilité de rencontrer les financiers prêts à nous accompagner», déclare-t-elle à IPS.

Assana Abdoulaye, de la commune de Sinendé, dans le nord-est du Bénin, est ramasseuse et transformatrice locale du karité; elle se réjouit de l'expérience acquise à la rencontre. «Avant, lorsqu'on ramassait les noix de karité, on pouvait les laisser jusqu'à deux semaines.

C'est ici que j'ai appris que trois jours suffisent largement. Je peux donc améliorer la qualité de mon karité, je suis vraiment très contente», dit-elle à IPS.

Après une campagne de collecte et de commercialisation, explique-t-elle, les ramasseuses du Bénin gagnent chacune environ 1.500 dollars par an. «C'est avec cet argent que je me gère, moi-même, ma famille et mes enfants».

Kadiatou Ouattara, membre de la Coopérative de commercialisation et de transformation des produits agricoles en Côte d'Ivoire, déclare avoir pris conscience du retard de son pays dans la filière karité, «en privilégiant, depuis des années, le café et le cacao».

Le karité entre même, depuis quelques années, dans la fabrication du chocolat en Occident.

«Le travail de ramassage de karité est une passion quoique pénible. A 3 ou 4 heures du matin, nous allons dans les brousses, avec une lanterne. Nous sommes exposées aux morsures de serpents et aux risques divers. Nous y allons quand même, puisque c'est notre travail», explique Azara Yidana, une ramasseuse et transformatrice venue du Ghana.

Au Ghana, le revenu annuel d'une ramasseuse avoisine 2.100 dollars et même plus parfois en fonction de la qualité du karité, selon Yidana.

Sa concitoyenne, Mariana Mahami, ajoute à IPS: «Nous sommes heureuses de rencontrer, ici, des femmes comme nous qui font le même travail».

L'Alliance mondiale du karité indique que 16 millions de femmes travaillent dans cette filière comme ramasseuses dans 21 pays d'Afrique subsaharienne.

«Nous achetons plus de la moitié de tout le karité produit en Afrique de l'ouest et nous sommes très satisfaits de l'organisation de cette conférence qui a tenu toutes ses promesses», a affirmé Knud Larsson, directeur de l'approvisionnement et du commerce de 'Aarhuskarlshamn', un groupe industriel basé au Danemark.

Ce groupe est le plus grand acheteur de karité au monde, avec chaque année plus de 300.000 tonnes, dont une grande partie est transformée localement en beurre semi-raffiné ou fractionné, et en produits finis ou certifiés industriellement.

Umberto Trivella, coordonnateur de l'organisation non gouvernementale 'PlaNet Finance', a expliqué à IPS que son ONG a initié un réseau dénommé 'Starshea Network' qui regroupe 4.500 femmes de 60 communautés du nord du Ghana travaillant le karité.

«A ces femmes, nous donnons la formation, l'accompagnement financier et la technologie. Azara et Mahami font partie de ce réseau», a-t-il indiqué, ajoutant que depuis 2011, Starshea Network a le soutien de l'Union européenne, de l'Agence française de développement et de plusieurs autres partenaires.

Selon Jean Couldiaty, ministre de l'Environnement et du Développement durable du Burkina Faso, le karité occupe une place de choix pour le monde rural de la zone soudanaise, par l'importance des liens matériels et culturels qui relient certaines sociétés à cette plante.

Au Burkina Faso, la valeur ajoutée globale générée par cette filière est évaluée à environ 30 milliards de francs CFA (60 millions de dollars).

L'Alliance mondiale du karité a indiqué que ces dix dernières années, les exportations de karité d'Afrique de l'ouest sont passées de 10 millions de dollars à 120 millions de dollars. Le karité est aujourd'hui convoité pour ses multiples vertus tant en alimentation, en santé, qu'en cosmétique.